dimanche 16 juillet 2017

En amoureux...




 Coup de cœur pour ce roman et pour ses personnages, que j'ai trouvés très attachants. Paul remonte enfin la pente après une déception amoureuse. Ninon, elle, voit son couple se déliter à l'épreuve du quotidien. Ninon et Paul se rencontrent, tombent sous le charme, décident de partir en vacances ensemble. Tout va très vite. Trop ?
Translation des sentiments, électrochoc, feu de paille... L'amour est-il au rendez-vous de ce voyage en amoureux ? Oui, j'ai envie de dire oui... L'auteur y explore par petites touches, fines, pudiques, presque l'air de rien, ce qui nous lie et nous délie. Les regards, l'embrasement, la frustration, l'incompréhension, les palpitations, les bouleversements, la déception, les évidences, les questions, le désir, nourri, déçu...
Joyeux et amer, doux et mélancolique, plein de promesse et de cruauté... De l'espoir à la désillusion, des certitudes au doute, l'amour parfois va et vient. Et si quelqu'un reste sur la touche, voire sur le carreau, sonné, on a envie de le prendre dans ses bras. Lui souffler qu'un jour, lui aussi aura droit à l'émerveillement qui dure...

Extrait, page 169 : "Des empreintes de pieds esquissaient un chemin sur la langue de sable qui prolongeait la plage. A son extrémité, des rochers ocre, qu'une tempête semblait avoir inclinés, formaient une barrière en dents de scie. Le vent traçait à la surface de la mer, d'une écriture rapide et scintillante, un message indéchiffrable." 

Si vous avez envie de frémir, emportez ce livre au jardin du Luxembourg déserté par les parisiens, ou mieux, sur une plage (de préférence pas envahie par les parisiens). Comme l'héroïne de Colette dans "En baie de somme" qui laisse rôtir ses enfants sur la plage, vous oublierez tout ce qui se passe autour de vous. Ayant conseillé de l'alcool dans mes deux derniers posts "littéraires" je ne voudrais pas passer pour une ivrogne en suggérant un mojito.... je vous invite donc à déguster ce livre en consommant sans modération du café au lait glacé (et des carambars !)


Arnaud Guillon. En Amoureux. éditions Héloïse d'Ormesson


Les jours enfuis...

Voilà un premier pavé terminé en ce début d'été.



C'était le premier ouvrage de Jay McInerney que je lisais.
Si vous avez plus de quarante ans, que vous aimez la littérature et New York, plongez-vous sans hésiter dans ce roman. La complexité des relations de couple y est magistralement disséquée.  Vous arpenterez Manhattan avec les protagonistes. Ces derniers y sont happés par leurs névroses. Artistes tourmentés, 11 septembre, éditeurs (bien ou mal) avisés, gens riches et désœuvrés, Obama, la crise des subprimes, l'action caritative, tout y passe et pas forcément dans cet ordre. J'y ai senti une vraie profondeur derrière le snobisme, mais aussi les brèches, celle de l'existence, parfois profondes, qu'il convient de colmater (ou pas)... ça vogue, se fissure, surnage, coule, se renfloue... les fractures de la vie ont quelque chose d'universel et chacun peut se retrouver dans "Les jours enfuis".
Prévoyez zéro enfant près de vous, un peu d'alcool et quelques jours ! Bonne lecture !

Le crime du comte Neville

La très médiatisée Amélie Nothomb. Je ne lis que peu de choses à son sujet. Bien évident je ne vis pas non plus  dans une caverne. Je connais sa mécanique de production annuelle, sais qu'elle répond à son courrier, qu'elle adore le champagne et qu'elle possède un bureau personnel chez Albin Michel.
En dehors de ça, je lis parfois ses livres, mais une série un peu décevante m'avait fait lever le pied. Riquet à la Houpe est dans ma bibliothèque et je ne l'ai pas encore touché. Par ailleurs, j'ai lu le plus grand bien de celui qui sort à la rentrée, du grand Nothomb paraît-il !

Eh bien, on m'a offert "Le crime du comte Neville" avec cette injonction : Lisez-le. Le titre m'attirait assez à vrai dire... J'ai donc dépassé mes résistances et ne l'ai pas regretté. 

Si vous avez envie d'une lecture fluide, divertissante, d'une histoire un peu loufoque, de personnages gentiment déjantés mais d'une logique imparable, emparez-vous de ce livre, il est fait pour vous. 
Installez-vous de préférence sur une chaise longue à l'ombre des grands arbres d'un parc, avec un plaid et une coupe de champagne. En deux heures et demi vous aurez accompagné avec délectation le comte et sa famille jusqu'à la chute, admirable. 



jeudi 13 juillet 2017

Loiseau des vignes chante : "J'ai dix ans !"

Dix ans déjà que le restaurant du groupe Loiseau a fait son nid au creux des murs de l'Hôtel du Cep à Beaune. Le 26 juin dernier, Dominique Loiseau, secondée par sa fille Bérengère, a fêté dignement cet anniversaire, entourée de son équipe et de nombreux invités.

De gauche à droite Christophe Gines, le Directeur, Mourad Haddouche, le Chef étoilé, Dominique Loiseau, Eric Goettelmann, le Chef sommelier du groupe et Georges Pertuizet, ancien directeur de l'USF (Union de la Sommellerie Française)

Un buffet somptueux, dressé dans la grande salle, montre l'étendue du talent du Chef et de son équipe.












Un photographe, installé près de l’œnothèque, propose aux visiteurs, viticulteurs, sommeliers, commerçants, acteurs de la vie de la région et personnalités, d'immortaliser le moment.

Avec l'équipe de la maison Albert-Bichot et le souriant et chaleureux Directeur de l'établissement Christophe Gines.


Dans la cour, passant entre les gouttes, Dominique Loiseau s'adresse à l'assemblée. Elle évoque la naissance du projet. Bernard Loiseau rêvait d'ouvrir un restaurant à Beaune. Il avait bien saisi l'aspect exceptionnel de cette ville chargée d'histoire dont le patrimoine culturel, gastronomique et œnologique rayonne dans le monde entier.

Eric Goettelmann, le chef sommelier exécutif du groupe, est un personnage discret. Il affiche une grande humilité derrière laquelle se cache une efficacité redoutable. C'est un bourreau de travail, un perfectionniste. Dominique Loiseau explique que c'est lui qui a repéré le nouveau concept d'oenothèque lors de l'incontournable salon Vinexpo (qui se tient à Bordeaux un an sur deux). Ils font alors le pari de vins servis uniquement au verre. Une première en France pour un établissement de ce type. Soixante-dix références d'exception, quelle belle vitrine, à Beaune, ville traversée par la célèbre Route des Grands Crus.




Dominique Loiseau remercie toute son équipe, Christophe Gines et Mourad Haddouche en tête qui n'ont de cesse de tendre vers l'excellence, et offrir aux visiteurs convivialité et plaisir.






Vient l'heure de souffler les bougies. Le traditionnel ban bourguignon est repris en cœur par tous les participants.
Ce bon moment donne envie de revenir, mais aussi d'aller tester "Loiseau des Sens", à Saulieu. Une cuisine résolument tournée vers la "santé plaisir" et un spa dédié au "bien-être", imaginé dans un vrai souci de respect de l'environnement. Tentant...







En attendant de migrer à Saulieu, allez, à 70 km de Beaune à vol d'oiseau, avis aux amateurs d'ici ou de passage dans la ville du célèbre Hôtel-Dieu : durant tout le mois de juillet,  un "Menu Anniversaire" comprenant entrée, plat, fromage affiné de la région, dessert, coupe de Crémant, café et eau minérale sera servi au prix de 45€. Il a été imaginé par le Chef autour des plus savoureux produits du marché. Il accompagnera comme il se doit les vins, proposés au verre bien sûr (de 5 à 45€) !

mercredi 12 juillet 2017

Vacances : rideau sur les écrans !



C'est décidé, je fais mes valises. Oh, rassurez-vous ! Je ne vais pas bien loin et serai bien là au retour de la trêve estivale. En attendant j'ai décidé de dé-con-nec-ter ! Ce qui ne veut pas dire que je serai absente de la toile (observez le subtil jeu de mot rideau/toile... Non ? Ok, je sors). Voilà mes conseils pour passer l'été loin de l'addiction aux écrans.
La première option, radicale, consiste à oublier son téléphone. Par définition on ne fait pas exprès d'oublier. Il y a donc un grand moment de solitude à la terrible découverte. J'ai fait cette expérience il y a quelques mois. Quand j'ai réalisé, sur le quai de la gare, que mon iphone était resté en charge à l'appartement, il n'y avait que deux options : retourner chercher mon précieux et rater le train ou passer 24h sans téléphone. J'ai choisi la deuxième alternative. Le choc passé, on  surmonte la désagréable sensation d'être nu ou amputé et on re-découvre les vieilles méthodes (le répertoire pour les numéros de téléphone et l'appareil photo jetable pour les souvenirs de vacances, sans parler des cartes postales ! So exotic !). Malgré l'absence totale de cabines téléphoniques, vous constaterez que votre oubli crée la solidarité. N'importe quel individu croisé dans la rue sera sensible à votre détresse et vous viendra en aide. Ça marche aussi dans les cafés, à la gare, dans les magasins...
L'idée de partir sans téléphone vous donne de l'urticaire ? Soit. Pour autant, avez-vous vraiment besoin de savoir qu'un "ami" croisé trois fois dans votre vie prend des coups de soleil à Acapulco, que Nabila a changé de shampoing ou que Hollande est en panne de scooter ? Non ! Je préconise alors de désactiver les applications Facebook, Tweeter, Pinterest et autres Instagram.

Vous ne serez pas tenté de les compulser à tout bout de champ ! Au retour vous aurez plaisir à les ré-installer même si vous constaterez que vous n'avez pas raté grand-chose. C'est toujours trop ? Une dernière solution : imposez-vous une discipline et obligez-vous à ne consulter vos appareils qu'à heure fixe : une fois par jour, le matin ou le soir. Entre les deux, une règle d'or : on n'y touche pas. Appliquez cette recette avec vos enfants, petits-enfants et oubliez les Pokémon Go, Candy Crush, Angry Birds et autres jeux addictifs. Là... Vous allez gagner un temps précieux. Vous en profiterez alors pleinement pour dévorer un livre, vous émerveiller devant les pâtés de sable du petit dernier, observer la vie de la rue depuis la terrasse du café où vous prenez l'apéritif, discuter vraiment avec vos amis, regarder votre chéri(e) dans les yeux. Bref, en un mot, vivre. Croyez-le, ça marche !



Quelle recette vais-je appliquer ? Un mix des deux dernières. Je supprime Facebook (la plus chronophage et la moins intéressante de mon point de vue) et ne la charge que tous les cinq/six jours pour faire un bref tour d'horizon. Quant à Instagram, mon appli "chouchou", je la maîtrise mieux, j'y perds donc moins de temps. Et comme j'y "travaille" aussi, pas question de la laisser de côté cet été, je me connecterai donc à heure fixe au quotidien pour publier et échanger. Si vous voulez y faire un tour, je vais tenter d'alimenter  le compte de livres_en_vignes !




Bel été à tous.

PS : Faites ce que je fais, ne faites pas ce que je dis et "likez" sans modération les publications sur livres_en_vignes !

dimanche 9 juillet 2017

Où il est question de chapitre et de livres...

Petit retour en arrière en septembre 2016, dans la cour du Château de Clos de Vougeot. On me confie le soin de rédiger le compte-rendu du chapitre pour publication dans la revue semestrielle des Chevaliers du Tastevin : Tastevin en main. Quelques mois plus tard ma prose est publiée. Elle a subi quelques modifications qui ne m'ont pas été soumises. Et que je ne trouve pas heureuses. Voici ci-dessous le texte originel. Bien évidemment, il ne s'agissait pas de relater "mon Clos Vougeot" avec intronisation à la clé et soirée entre amis. J'ai passé des moments délicieux, surtout au début, moins vers la fin. Ceux qui me connaissent savent l'importance que cela pouvait revêtir pour moi d'entrer à la Confrérie, qui plus est lors de ce Chapitre en particulier. Je ne suis pas "vantarde" mais je peux me targuer d'avoir pour camarades de promotion Romain Sardou et Olympia Alberti, entre autres, avec lesquels j'ai eu de savoureuses discussions.




Equilibre entre le jour et la nuit, entre la fiction et la réalité, entre la feuille de vigne et celle de papier, la 1145ème réunion des Chevaliers du Tastevin marie, par son seul nom « chapitre » le vin au livre.

Le Chapitre de l’Equinoxe, de la Plume et du Vin, ce 25 septembre 2016, a mille petits commencements… Dans le reflet du soleil sur le vignoble, autour des vendangeurs qui travaillent dans les rangs, sous le crissement des graviers, que les dames, du haut de leurs talons, foulent avec précaution. La fête commence en fait dans le bus qui, parti de l’Hôtel du Cep à Beaune, s’engage sur la route des Vins. Le doux accent des participants Québécois est irrésistible… Ils interrompent leurs conversations, à la vue des panneaux indicateurs : « Et que les noms sont beaux ! Aloxe-Corton… Aïe, aïe, aïe ! », « Ça c’est des villages qu’on aime hein ? Ladoix-Serrigny ! ». La vigne est baignée de lumière. Quelle féérie ! On grimpe au Clos de Vougeot par la rue de la Montagne.
Ce soir, on fête le vin mais aussi les écrivains. Le Chapitre coïncide avec le Salon Livres en Vignes, dont c’est la neuvième édition. Si Alain Rey, dans l’ouvrage primé par le Prix du Clos de Vougeot,  emprunte à Musset le célèbre « Pourvu qu’on ait l’ivresse », tout chevalier ou aspirant qui se respecte réfutera l’idée « qu’importe le flacon ». Boire d’accord, du Bourgogne, c’est mieux !


Mes parrain, marraine Guillaume et Françoise, Hélène G, Virginie et Philippe.


La cérémonie des intronisations a lieu dans le cadre somptueux de la Cuverie, les vieux pressoirs pour témoins. Plus tard, dans le Grand Cellier, on rappelle aux convives qui prennent place les paroles de Brillat-Savarin : «Convier quelqu’un à votre table c’est se charger de son bonheur tout le temps qu’il est sous votre toit. ». Le ton est donné et les agapes peuvent commencer sous la houlette de quinze cuisiniers, seize sommeliers (qui serviront plus de 500 bouteilles) et quarante personnes pour servir « efficacement et discrètement ». Un Corton-Charlemagne Grand Cru 2011 bien racé emplit le premier verre.


Sans la vigne et le travail des hommes, pas de précieux nectar. L’année a été rude après un hiver trop doux et un désastreux épisode de gel, les 27 et 28 avril. « Matins glauques », « La vigne hurle sa douleur »… Après un véritable bras de fer contre les éléments climatiques en mai et juin, la fleur sort le 20 juin et la plante rattrape son retard… Les conditions sont favorables. Et le temps des vendanges est arrivé. Période excitante et exaltante, apogée d’une année de travail. Le viticulteur a la responsabilité d’être à la hauteur des terroirs qu’il a le privilège d’accompagner. 2016, dit-on, sera dans la lignée des grands, voire des très grands millésimes.
Les lumières se tamisent. Une partie de l’assemblée découvre cet instant où « La Nuit » de Rameau envahit l’espace. Ceux qui le revivent ne sont pas moins émus.
 Un Irancy «Les Mazelots » 2013 Tasteviné, frais et bouqueté, accompagne délicatement les incontournables œufs en meurette. 1500 œufs. L’unique poule du Clos de Vougeot va très, très, bien a plus tôt rassuré le Grand Maître, provoquant l’hilarité de l’assemblée déjà gaie. Louis-Marc Chevignard se félicite de voir tous ces gens réunis dans un coude à coude fraternel et chaleureux, dernière cuvée littéraire et dernières vendanges mêlées. Le cliquetis des couverts que l’on débarrasse est à peine masqué par  les Cadets de Bourgogne qui entonnent « La Vigne à Claudine ». « La plus sage grapille, mais ne vendange pas ! »

 On sert un Hospices de Nuits Nuits Saint-Georges 1er Cru Les Rues de Chaux 2011 juste avant les intronisations. Le Grand Conseil s’avance. Les trompettes d’Aïda retentissent. Les serviettes tournoient au-dessus des plumes pourpre et or que les femmes ont plantées dans leur chignon. « Messieurs les maîtres, veuillez sonner les honneurs ! ». Les Cors de Chasse prennent le relai. Instant solennel du « Juro » des présidents : Jean-Marie Rouart de l’Académie Française, Vincent Barbare, éditeur, et Son Excellence Monsieur Charles Gomis, Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France. « Remplissez nos tasses car selon la formule « In Vino Veritas ». Les discours se succèdent, célébrant le mariage du vin et de l’écriture.  Le Clos-Vougeot Grand Cru 2013 Tasteviné rougeoie dans le quatrième verre. « En le vidant, j’y vois refleurir les beaux jours » ! Et j’y perds un peu mes esprits…
L’escargot du dessert s’est paré des couleurs de Livres en Vignes et de la Bourgogne pour les Nuls. Evelyne Philippe, l'organisatrice du salon, reçoit le bouquet des Dames.

Les deux compères Jérôme Collardot et Jean-François Curie nous régalent d’un discours de leur cru… Mais étonnamment, les notes que j’ai prises sont illisibles. Quelque chose m’échappe… Après le Crémant de Bourgogne Brut Rosé Tasteviné pétillant et spirituel, quelqu’un verse du Marc dans mon café. Il est tard et l’assemblée est priée de se dissoudre !







Demain est un autre jour… Dimanche, les visiteurs de Livres en Vignes réinvestissent les lieux. Les écrivains en ont encore plein les yeux. J’ai rangé mon Tastevin fièrement obtenu la veille. Quelqu’un me demande : « Du coup, tu as un nouveau titre ? On dit comment au féminin, Chevalière ? »
Les vapeurs d’alcool dissipées, j’ai envie de jouer avec les mots. Je réponds : « Je pense que l’on peut dire d’une femme qu’elle est un ange et d’un homme qu’il est une calamité. On peut dire d’une femme qu’elle est un bourreau de travail (ou des cœurs) et d’un homme qu’il est une flèche (ou une perle). Je suis de celles et ceux qui pensent que le genre (grammatical) ne définit pas le sexe, ou plutôt que le sexe n’a pas à influencer le genre. Je suis donc un Chevalier, et l’absence de « e » en finale ne me fait pas sentir moins femme ! »