vendredi 12 juin 2015

Paul MacCartney

Un train. Du soleil. Des bribes de conversation. Tu y vas aussi ? Pelouse, stade, concert...
J'ai choisi une robe à fleurs et des boucles d'oreilles en fine dentelle de métal. J'ai enfilé mes ballerines, celles qui ont vu Jérusalem et la mer morte. Elles sont abîmées et sales, elles ne craignent pas d'être piétinées. J'ai natté mes cheveux et chaussé une paire de lunettes de soleil avec de grands verres noirs à l'esprit sixties. Dans mon sac à franges H&M, j'ai embarqué le minimum. À l'aube, je sortirai dans les rues chaudes de Paris, sentirai les odeurs exacerbées par l'orage annoncé cette nuit et regagnerai ma province. La tête pleine de musique. Le cœur empli de la clameur de la foule. Rassemblement d'humains qui, le temps d'un soir, oublient leurs différences pour se retrouver autour d'un rêve, d'une guitare...



Pas besoin de regarder les panneaux indicateurs. La marée d'individus disciplinés et impatients  se déplace instinctivement vers le gigantesque stade de France. Je marche sous le soleil, exactement. Un léger vent s'engouffre dans les interstices de ma robe légère. C'est délicieusement rafraîchissant. J'observe l'effervescence, je respire les parfums du soir, estivaux. Un brin de nostalgie m'emporte un peu... De cet amour que je portais à un homme qui a choisi de partir et avec lequel j'aurais pu -voulu- partager ces instants. Je descends les marches jusqu'à la pelouse. C'est la première fois que je pénètre dans ce complexe sportif. La fraîcheur monte du sol pourtant  soigneusement recouvert. Commence une longue attente. J'observe les spectateurs. 


Ils vont et viennent. Se lèvent, achètent de la bière. Se déplacent en bande et rient. Certains arborent des tes-shirts d'événements passés. Le nom des Beatles revient beaucoup. Il est plus de 21h quand l'agitation de la foule annonce l'arrivée de la star, confirmée par l'éclairage des projecteurs et écrans géants.


C'est Paul Mac Cartney qui chante pendant un moment. Les airs sont faciles et entraînants. La nuit tombe lentement. Très lentement. Le spectacle lui, s'éveille doucement. Et puis arrive enfin l'âme des quatre garçons dans le vent. Quelques accords de guitare et la foule s'embrase. D'une seule voix, elle accompagne celle, assurée, du chanteur mythique, qui a soufflé (quand même) ses 72 bougies.
Aux tubes entraînants sur lesquels on se déhanche, succèdent des chansons plus calmes, qui font monter les émotions ... Michelle entraîne les gens dans un chant choral. Let it be m'arrache des larmes. John Lennon y est pour quelque chose. Je les oublie en dansant sur Back in USSR. Et tout s'enchaîne jusqu'aux rappels, shows dans le show.

Yesterday... All my troubles seemed so far away...
Now it looks as though they're here to stay
Oh I believe in yesterday...
Les doigts de Paul MacCartney s'agitent sur la guitare. Il est gaucher. Et ne s'est pas plié au diktat des droitiers, il tient son instrument manche à sa droite. Il passe au piano. Est parfois seul sur scène. Quand il revient on a envie que ça ne s'arrête pas. Mais après les drapeaux français et britannique déployés, après les feux d'artifice, une jolie fan sibérienne montée sur le podium et des feux tout court, qui crépitent en rythme  avec la batterie, des milliers de confettis s'envolent et le silence retombe sur le stade en même temps que cette pluie de petits papiers.

Les transports en commun sont bondés... Les dernières correspondances de métro ratées, le service est terminé. Les derniers pas jusqu'au repos se font sous une fine ondée.

Et ce matin, Paris s'étire dans la lumière du soleil revenu. Comme prévu, je marche heureuse vers la gare... Dans mon cœur, j'entends Hey Jude et les la,la,la, lalalala... que moi, nous et les autres avons repris en chœur hier soir ! Mélodies inter-générationnelles entonnées par tous avec  la même ferveur.
Pépite de bonheur captée par mon âme à l'instant d'hier. À savourer, à diffuser.

J'ai un petit air dans la tête... Ça fait : love, love, love...
All you need is love (1968)...
J'ai attendu cette chanson. Je pensais qu'il terminerait par celle-là ! En apothéose. Mais, non.


Alors j'ai arrêté de penser et maintenant, je chante. 



jeudi 11 juin 2015

Angelina Jolie... Et les autres #1


Quelle femme, aujourd'hui, ne redoute pas le passage annuel chez le médecin-gynécologue ?
Certaines s'en exonèrent, d'autres y vont à reculons, tremblantes. J'en connais peu, bonnes élèves, toujours prêtes à recevoir le sésame pour la douleur et l'angoisse : l'ordonnance pour la mammographie. A vrai dire, je n'en connais pas.
Qu'avait-il donc contre notre sexe le sombre idiot qui a inventé cette machine infernale ? Si on lui écrasait les c... entre deux plaques de verre et qu'on le tance parce qu'il grimace, lui assenant de ne pas bouger au risque de devoir refaire l'examen, comment réagirait-il cet homme-là ?
Je sais, c'est politiquement incorrect de s'insurger contre une pratique qui sauve des vies. Je le fais quand même. Je n'engage que moi. Au fil des années, je me suis questionnée, j'ai observé, j'ai lu, j'ai interrogé, j'ai écouté les expériences des personnes qui m'entourent. 
Mon côté rebelle ou revendicateur heurtera peut-être ceux ou celles dont l'histoire résonne différemment. Il y a un espace pour commenter, et donc dialoguer. C'est comme cela que l'on fait avancer les choses. On ne voit jamais la vie que de son propre point de vue. Et parfois, regardant le même objet mais pas sous le même angle, deux individus voient des choses très différentes, sans que l'un ait raison et l'autre tort.

Je vais donc au fil des pages, vous livrer une version... 
J'aurais bien commencé par la fin, pour remonter le temps... Seulement voilà, la fin n'est pas encore écrite. Alors j'attaque par un commencement. Ce n'est pas vraiment le début de l'histoire, mais je ne sais pas plus quand elle commence que quand elle finit.

Dans le cabinet de la gynéco, chaque année, c'est exactement le même scénario. On fait un point sur les moyens de contraception. Néant. Je connais mon corps, je sais quand il y a danger, quand il n'y en a pas. La gynéco grimace. Je rappelle que la pilule, ça modifie l'état hormonal, que certains stérilets aussi et que l'idée de corps étranger dans mon utérus m'est absolument insupportable, de toute façon. Après s'être repliée sur ce terrain, le médecin aborde celui, plus délicat, des examens préventifs (pour, contre ? )... Enfin, disons plutôt les examens de dépistage du cancer du sein. Pas facile pour elle. Je suis barricadée dans mon camp retranché. Avec les moyens de défense déployés tout autour de mon fort (for intérieur ?).
Mammographie et échographie. Pourquoi les deux examens sont-ils indispensables ? La mammographie est une torture. Les légères protubérances qui me servent de poitrine sont ultra sensibles et l'examen est difficile et douloureux. Des seaux de larmes à chaque fois ! Quand je demande à ne passer que l'échographie qui permettrait, le cas échéant, de prescrire une mammographie si l'image était douteuse, il m'est répondu qu'on voit des choses à la mammographie qu'on ne voit pas à l'échographie. C'est une fin de non recevoir. Je pourrais transgresser. Me présenter chez le radiologue en demandant à ne faire que l'échographie. Après tout, ne suis-je pas libre de décider ? Cela ne me vient même pas à l'esprit.
N'ayant pu forcer cette porte, la gynéco tente une autre approche et sort la cartouche de l'onco-généticien. Remontée comme une pendule après la précédente joute, je sors l'artillerie lourde. Aller voir ce type pour raconter toute l'histoire d'une famille touchée par des cancers à répétition, faire une prise de sang pour savoir si, comme ma mère et ma sœur je suis porteuse de la mutation génétique (BRCA2*... ça c'est du glamour !), oui, et après ? Après quoi ? Que fait-on ? N'être pas porteuse de la mutation me met-il à l'abri d'un cancer su sein ? Non. Et si je suis "mutante" que se passe-t-il ? Ah !!! On va juste me proposer une surveillance rapprochée et donc, de m'écraser les nichons deux fois par an au lieu d'une ? Quelle alternative réjouissante !
La gynéco, vaincue, me suggère, en dernier recours, d'aller chez le psy. Je me mouche bruyamment dans l'un des trente-six mouchoirs que j'ai déjà extraits de la boîte posée sur son bureau et je ne réponds rien. Il a bon dos le psy.
Un jour, plus tard, je me demanderais comment cette femme, mon médecin, spécialisée dans les maladies des seins, au courant de l'existence de cette mutation dans ma famille, comment cette femme avait pu faire l'impasse, dans le discours qu'elle me tenait, sur l'existence de la prophylaxie? Ce qui, soyons honnête, ne veut pas dire que j'y aurais été sensible, mais j'aurais au moins été avertie. Mais ça, c'est après...



*BR pour breast (sein en anglais), CA pour cancer et 2 parce que le 1 c'est Angelina Jolie qui l'a ! Très succinctement, il s'agit d'une mutation sur un chromosome qui perturbe le nettoyage des cellules malignes pour lequel notre organisme est génétiquement programmé. Les cellules tueuses de cancer sont inhibées et donc, la probabilité de développer un cancer est plus (voire beaucoup plus) importante que dans la population dite "normale".   


Le gratin de courgettes au tartare de Carine.

Instagram. Jusqu'à il y a peu, c'était juste un mot. J'avais vaguement saisi qu'il s'agissait d'un réseau social mais je n'avais pas approfondi. Puis, un jour d'octobre où j'avais l'âme un peu plus curieuse que les autres jours, je décide de me lancer. Et je découvre un univers qui me charme. Au gré des photos exposées, je me frotte à l'inspiration de personnes que je ne connais pas forcément. La plupart se dévoilent pudiquement. Montrent leurs passions, leur quotidien, leurs talents. Très vite, les publications de Carine m'attirent. Ses réalisations culinaires sont époustouflantes et ses photographies stylées. Je me demande comment elle fait pour trouver le temps de cuisiner, faire son job, s'occuper de sa famille. Je ne lui ai pas encore posé la question. Je lui ai juste demandé l'autorisation de publier une recette qu'elle a partagée et que j'ai essayée.
Ce gratin de courgettes entre dans la lignée des plats que j'affectionne : rapide et facile à réaliser, il fait (de mon point de vue) autant d'effet dans un dîner qu'il est efficace au quotidien.

Avec la permission de Carine, je vous livre ici la recette. Pour en découvrir plus, allez sur son profil IG : carineca67... Vous serez conquis !

Il vous faut des courgettes, du tartare, du parmesan, du thym et des pignons... Pour votre info, Bridget Jones de la cuisine a jeté ses pignons périmés depuis 2013 et mixé des noix de cajou pour faire comme si !

Faire revenir des rondelles de courgettes dans un peu d'huile d'olive pendant 5 minutes. Déposer les rondelles dans des plats (individuels). Délayer 150 gr de tartare avec 3 cuillers à soupe de lait. Faire chauffer. Napper les courgettes avec ce mélange. Parsemer de pignons, copeaux de parmesan et thym frais. Faire cuire 10 minutes à 210 degrés.

Et voilà le résultat :

Bon appétit !

mercredi 10 juin 2015

Les mamans.




Je sais. La fête des mères est passée depuis longtemps. En bonne mère débordée qui se respecte, je vous livre quand même et avec (un peu de) retard, ma réflexion (avec une pensée toute particulière pour Hélène qui se reconnaîtra).

Je veux faire-part de mon respect pour la dignité des mamans qui ont perdu leur enfant, quelque soit son âge. On a inventé le mot orphelin, veuf, on n'en a pas trouvé pour les parents qui perdent la chair de leur chair ! Et pour cause, comment nommer l'indicible ?
Je n'oublie pas la tristesse et la culpabilité de celles dont les enfants, fâchés ou négligents, ont gardé le silence.
 J'imagine la sensation de celles qui par choix ou nécessité ont dû, à un moment de leur vie, prendre la décision de se séparer de leur enfant ou d'avorter. 





 Mais je pense aussi aux chansons murmurées au réveil, aux petits déjeuners au lit, au papier cadeau
froissé et au joli présent confectionné avec amour à l'école. 
Il y aura eu des fleurs, des petites douceurs, ou simplement un sourire. Il y aura eu le souvenir de la chaleur d'un baiser d'enfant, petit ou grand.





Il y aura eu des femmes gaies, des femmes tristes, des femmes pensives, des femmes nostalgiques, des femmes fatiguées, des femmes désabusées, des femmes contrariées, des femmes pleines de doutes, des femmes pleines d'espoir, des femmes épanouies, des femmes émues, des femmes débordantes d'amour, des femmes attendries... 




Il y a ces femmes qui sont filles et qui sont mères aussi. Il y a vous, il y a elles, il y a moi...







mardi 9 juin 2015

We're closed !

Parfois, il n'y a rien à écrire. Coucher sur le papier les insomnies et les heures d'angoisse. Noter les silences savamment distillés. Dénoncer les mystères faits de rien, juste pour aiguiser la souffrance. Énumérer les fois où un regard innocent perce votre carapace alors que vous savez, au fond, que les yeux mentent. Expliquer le brouillard qui s'amoncelle alors...
Attendre que la vague passe.

Comme il est difficile, quand la houle vous tire vers le large abyssal, quand la lame vous écrase et vous brise sur les galets, comme il est difficile de regagner le sec...
Quand on y parvient, au prix d'efforts intenses ou à la faveur d'une vague moins puissante, on s'étend sur la plage haletant. Vidé par le ressac auquel on vient enfin d'échapper.
 Et il faut du temps, alors, pour retrouver ses esprits !

A très vite !