vendredi 20 décembre 2019

Sous le sapin




J'ai (évidemment) écrit l'ultime moisson de l'année au dernier moment (en me maudissant) alors que, l’encre du précédent Edc à peine sèche, j’en possédais déjà le sujet. Dans le même ordre d’idée, comme tous les ans et malgré mes résolutions d’anticipation, je courrai dans les magasins, les 23 et 24 décembre prochains (en me maudissant), pour rassembler les derniers cadeaux de Noël. On est nombreux à faire cela, je crois. Tout ça pour s’asseoir dans la foulée à une table familiale bruyante et éviter (ou pas) d’aborder les sujets qui fâchent. Et si, pour désamorcer le stress, on changeait notre fusil d’épaule ?

Il existe en Islande une tradition au nom imprononçable ("Jolabokaflodid"* : Jol veut dire noël, bok livre et flod inondation) remontant à la seconde guerre mondiale (au moment de l'indépendance du pays en 1944). En effet, à l'époque, le papier dont les livres étaient faits n’était pas taxé comme les autres marchandises, c’étaient les seuls présents que les gens pouvaient se faire. Depuis, l'habitude a perduré et les islandais continuent de s’offrir des livres pour Noël et à les lire au calme, ensemble, au pied du sapin. Alors, ça vous tente de les imiter ? Idées de paquets à déposer sous le sapin et autres digressions...

Lire un livre aux petits au moment du coucher favorise ce dernier. Le rituel est rassurant pour l’enfant et c’est un moment de pause où le parent se consacre entièrement au plaisir de partager… Dans  Moi j’adore maman déteste, chaque double page contient une phrase illustrée, inventaire de tout ce qui irrite les mamans et amuse les enfants. Les chaussettes dépareillées, les bulles qu’on fait avec son nez quand on est malade, les bisous baveux. (E. Brami et L Le Néouanic. Seuil jeunesse)



Les plus grands, à partir de 5 ans, pourront découvrir l’univers onirique et décalé de Claude Ponti. Dans Le chien invisible, Oum-Popotte récite ses leçons à son cartable, tourne ses parents de carton du côté du sourire et tout un tas de catastrophes surviennent quand il marche sur le chemin de l’école. Il découvre alors qu’il est suivi par un ami invisible. C’est le début d’une belle amitié. Un album où le foisonnement du dessin n’a d’égale que la fantaisie de la langue. Inclassable, intemporel, magique. (Ecole des Loisirs)


Difficile de faire lire les 9-14 ans ? Offrez Le journal d’un dégonflé. Bibliothécaires et libraires sont unanimes à ce sujet. Greg, 12 ans, n’est pas ce qu’on appelle un héros. Un jour, sa mère lui offre un journal intime, qu’il renomme "carnet de bord". Écrit sur du papier à lignes, aéré, illustré, ce best-seller, loin d’être de la grande littérature, séduira néanmoins votre enfant au point qu’il vous réclamera la suite à n’en pas douter (il y a 14 tomes). (Jeff Kinney. Seuil).



La croisée des Mondes de Philip Pullman, une trilogie (suivie des années après d’un quatrième volume), est classée dans la littérature jeunesse. Pourtant une lecture à plusieurs niveaux offre à tout adulte un parcours fascinant, accompagnant le voyage initiatique de deux enfants vers les multiples facettes de l’humanité et la spiritualité. A mettre dans les mains de vos jeunes ados en relevant le défi de le lire aussi pour pouvoir en parler ensemble après.


Dans une veine semblable, offrez La nuit des temps de Barjavel à vos 16 ans et plus. Si vous ne l’avez jamais lu, plongez-vous y, en n’oubliant pas que ce roman de science-fiction de Barjavel est paru en 1968 : Au cours d’une expédition polaire les scientifiques découvrent les traces d’une très ancienne civilisation. Un roman d’aventures et d’amour à couper le souffle.



Au bonheur des dames d’Emile Zola, vous entraînera à la fin du XIXème siècle. Les transformations massives effectuées par le baron Haussmann bouleversent le paysage parisien. L’économie est en mutation. Naissent des grands magasins. Magnifique fresque sur l’époque, la révolution des stratégies de vente, la naissance du consumérisme et les femmes. L’auteur s’est inspiré, pour Denise, son personnage principal, de l’incroyable ascension de Marguerite Boucicaut, gardienne d’oies bourguignonne devenue patronne du Bon Marché. Passionnant à lire 140 ans après sa parution !

On parlait plus haut des réunions familiales. N’hésitez pas à (vous) offrir Le discours de Fabrice Caro. Ce roman jubilatoire conjugue de façon hilarante tous nos travers, par la voix d’un narrateur désopilant, attablé avec sa famille. Il digresse durant tout le repas, entre l’injonction de sa sœur le chargeant de faire un discours pour son mariage, le SMS qu’il a envoyé à son ex et un objet fabriqué à l’école lors de son passage au collège, que ses parents ont gardé accroché dans la cuisine. Incontournable !



Ne vous est-il pas arrivé de passer un réveillon ou un jour de fête seul ? Pendant que d’autres vous pensaient triste, isolé ou déprimé, vous savouriez votre liberté… A eux les huîtres, la bûche et les discussions interminables, à vous Love Actually, la énième rediffusion d’Autant en Emporte le vent ou le visionnage de La Mélodie du Bonheur… Plaisir régressif sans lequel Noël n’aurait pas la même saveur… Quoi de plus agréable en effet, que de s’enrouler dans un plaid entre chien et loups et de se caler devant l’écran, une tisane chaude ou des chocolats à proximité ? Le faire en famille est une option tout aussi agréable ! On peut alors s’évader quelques heures avec Hugh Grant en premier ministre britannique irrésistible, Vivian Leigh en adorable peste, ou encore Julie Andrews qui sort les orphelins Von Trapp (et leur père) de la mélancolie grâce au chant… Intemporel !



Sur ce, je vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d’année. N’oubliez pas d’être heureux et de saisir tous les petits plaisirs gratuits de l’existence.




*transcription approximative, ma connaissance des caractères spéciaux sur word ayant trouvé ses limites.