mercredi 11 mars 2015

Amour, Amor.



L'accomplissement. Klimt. Détail.

 Ma langue se noie dans la saveur délicate de ta bouche. Je me grise de nos baisers, de la pulpe de nos lèvres qui se goûtent sans se lasser. Mon amant, mon amour… Jour après jour, j’explore chaque parcelle de ton corps et j’abandonne le mien à tes sensuelles caresses. Mais aujourd’hui, pas le temps de s’extasier. Les urgences regorgent de blessés divers, d’estropiés, de malades fiévreux ; notre garde commence dans quelques minutes. Avant de me séparer de toi pour des heures, je passe mes mains sous ta blouse et la chaleur de ta peau me fait frémir. En glissant mes doigts sur ton dos, je rencontre un obstacle familier, ce nævus que j’aime effleurer. Je te le dis dans un murmure et tu réponds que c’est la marque d’un coup de couteau reçu dans une vie antérieure. Un curieux vertige s’empare de moi, ma vue se brouille. Venise, la pénombre. Je marche dans un bruissement d’étoffes, une dague à la main. Je cherche. Je trouve mon homme et je l’étreins. Le poignard s’enfonce sans effort entre ses côtes et ma victime s’affaisse mollement. Je frissonne. On nous appelle. La vision meurt. Je t’aime.



Ce texte a été élaboré avec la contrainte de cinq mots imposés.

A voir : Au temps de Klimt, la sécession à Vienne. Très belle exposition à la Pinacothèque (Paris) jusqu'au 26 juin 2015. Mon coup de cœur : "Judith". Et le vôtre ?

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