mercredi 21 décembre 2022

24 décembre 1837 en Bavière


Toutes les bougies de la couronne de l’avent sont allumées. Néné, du haut de ses trois ans, regarde les flammes danser. Louis-Guillaume s’applique à bouder dans un coin. La nuit tombe, le temps va durer jusqu’à la messe de Minuit. Une domestique passe et ramasse des petites épines échappées du sapin que leur père a rapporté tantôt. Ce dernier fredonne dans le hall. Tant bien que mal, il essaye de faire tenir des pommes en équilibre sur le branchage du conifère. Dehors, on distingue à peine le blanc manteau qui a recouvert la ville. Le petit garçon court jusqu’à une fenêtre, souffle sur le verre, trace un dessin sur la buée. Le palais de Ludwigstrasse ne lui est pas très familier. Il préfère l’intimité de Possi, le lac, la campagne. A Munich, il est perdu. Quand Ludovica apparaît, gênée dans les étoffes de sa robe, elle gronde les petits, réclame de leur père un peu d’attention. Elle apporte quelques guirlandes composées d’oranges piquées de clous de girofle et des petites étoiles de paille tressées. Elle les confient aux enfants :
Néné, fais bien attention de ne rien laisser
tomber. Va près de ton père et donne-les-lui
quand il te demande.

Les figurines en sucre et à la cannelle à aller
chercher aux cuisines, vérifier que les instructions données pour le dîner sont bien respectées, Ludovica sent le poids des responsabilités l’écraser. Les enfants se chamaillent dans son dos et Max rit. Ludovica ravale sa rancœur de n’avoir pas été mariée à un Prince de son rang. Hélène a vite abandonné son poste et court derrière elle.
Maman, maman, aura-t-on des petits pré
sents ce soir ? On fera brûler la bûche de Noël ? On...
La bûche de Noël... Y a-t-on bien pensé ?
La tradition veut que l’on pose dans l’âtre un gros bout de bois entouré de rubans pour symboliser la lumière. On en garde un morceau pour allumer le premier feu de l’année, tradition censée porter chance. Une vive douleur dans le flanc paralyse soudain les pensées de Ludovica. Elle laisse malgré elle échapper un cri, d’autant qu’elle sent s’écouler le long de sa cuisse un liquide chaud qu’elle ne peut retenir. Elle comprend en un instant. Aux cuisines, elle demande de l’eau bouillie et donne de rapides contre-ordres. Elle parcourt le chemin inverse, lentement, jusqu’à la chambre. Lorsque l’enfant paraît, quelques heures plus tard, les horloges de la maison indiquent dix heures du soir passées de quarante-trois minutes. C’est une petite fille. La sage-femme s’étonne. L’enfant a déjà une dent. Maximilien essuie une larme. Il ne le sait pas encore mais ce poupon sera son enfant préféré, son plus beau cadeau. Quel curieux Noël ! Ludovica regarde la frimousse du nouveau-né, encadrée d’un bonnet de laine et de dentelles. Elle lui murmure :
Elisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach,
je te promets un grand destin ! Mais pour le moment, jolie enfant, nous t’appellerons Sissi.

 

Ici, Sissi avec ses enfants. Copyright non trouvé

 


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