vendredi 1 mai 2015

Premier mai.

On imagine un ciel bleuté... L'air est frais mais vivifiant. Il y a des rires d'enfants. Après un petit déjeuner joyeux et copieux, tout le monde part en forêt. On a mis les bottes pour affronter l'humidité des sous-bois. Connectés avec la nature, on respire les feuilles naissantes et celles qui, tombées la saison passée ont nourri le humus. On entend les brindilles mortes craquer sous nos pieds. On revient avec de frêles bouquets de muguet, clochettes à peine écloses, mais chacun est fier de sa cueillette...
Une terrasse en plein sud, des canapés modernes et confortables au design apaisant réchauffent les promeneurs. C'est la vie. Les joies simples. Le bonheur d'être ensemble. Les yeux brillent du plaisir partagé... De tous les beaux souvenirs, de la force d'avoir vaincu les épreuves que la vie se charge de mettre sur le chemin, de l'instant présent pleinement vécu, des mille projets et surprises que l'avenir nous réserve.


Et puis il y a une autre réalité. Il y a un déluge au dehors et au dedans. Il y a du brouillard. Une épaisse couche de brume sur la vie. Il y a cette vie à plusieurs vitesses. Des enfants qui partent au soleil, dans un bel hôtel au bord de la mer. Il y a cette pluie qui bat contre les carreaux. Il y a moi, devant l'ordinateur. Il y a cette phrase : "Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous".
Contre moi ? Mais qu'ai-je donc fait ? Alors, quoi ? J'arrête ce blog, mélange de fiction et de réalité ? Je range mes mots, ces mots qui sont comme comme la bouée de sauvetage d'une vie ? Ne dit-on pas que l'écriture a des vertus thérapeutiques ? J'étale mes maux ? Chacun pourra alors lire en moi comme dans un livre ouvert, en toute transparence ? Comme si je me promenais nue dans la rue ?
 Et si je ne cessais de me cacher en fait ? Derrière ces mondes que je montre... Pour me sauver, à tous les sens du terme... M'évader d'une part, sauver ma vie de l'autre.


J'ai commencé à lire "Manderley for ever" de Tatiana de Rosnay. Page 28, il est écrit : "Et si, finalement, la vie, c'était faire semblant ?"
Faire semblant d'être heureux quand on marine dans les tourments, faire semblant d'être gai quand la tristesse nous envahit, faire semblant d'être fort quand on ne s'est jamais senti si vulnérable, faire semblant de savoir ce qu'on veut quand on est totalement indécis, faire semblant de savoir qui on est quand on est totalement perdu...

Qui peut savoir ? Vraiment ? Sonder l'intime sous les couches de masques successifs ? Qui peut juger donc ? Sur ce qui ne sont que des apparences ?




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