dimanche 3 mai 2015

Dernier tango


Photo-montage réalisé à partir d'une vidéo d'Eric Cesareo

 La troupe des adultes de la comédie de Remparts répète... Cette année, "Dernier tango" raconte la tragédie grecque avec les mots (entre autres) d'Anouilh. Guerre, sexe, meurtre, vengeance, destin... Tous les ingrédients sont là. Pièce à tiroirs, mise en abyme, avec au beau milieu du lavage de linge sale en famille un orchestre pour le moins surprenant et, tragédie dans la tragédie, l'histoire du propriétaire de la salle où les Atrides se donnent en spectacle.
Qu'y a-t-il derrière le rideau ? Quel est l'envers du décor ? Pour me glisser chaque vendredi parmi eux, je peux vous livrer quelques éléments. Au premier abord, l'histoire paraît carrément sinistre. Sauf qu'une sorte de magie opère. Qui peut résister en effet à la gouaille de la contrebassiste lorsqu'elle explose : "C'est quand on essaye de comprendre les autres qu'on se fait rouler. Est-ce qu'ils essayent de nous comprendre eux ? Non ! Vous ne m'ôterez pas l'idée de la tête, Monsieur Léon, il n'y a plus d'hommes ! Des gros, qui puent, des bien membrés. Tous des intellectuels qui se lavent, des mous."
Les comédiens se retrouvent et discutent. Les costumes sont arrivés. Les filles s'enferment dans les toilettes et s’entraident pour se vêtir. Il y a des retouches à faire. On s'agite, on s'amuse, comme des enfants avec leurs déguisements. Les commentaires vont bon train. Quelles chaussures, quels accessoires viendront parfaire la tenue ? Chez les garçons c'est beaucoup plus sommaire. En deux temps trois mouvements ils ont enfilé leur chemise. Seul Egisthe parade avec son splendide manteau.
Le précepteur s'est lancé dans son monologue : " Mais lorsqu'un Dieu soudain, nous décoche ses traits, aucune force humaine ne peut lui résister. Le lendemain à l'aube allait se disputer l'épreuve de la course des chars". Le texte doit ici être transcendé par l'acteur qui parvient à faire vibrer le public dans sa narration de la course, comme si on y était.
Il y a des ratés, des ratages. Des fous-rires. Clytemnestre bafouille, se prend les pieds dans sa robe et se lance une bordée d'injures quand elle bute sur ses répliques. Électre en face, pense à la façon dont elle va bien pouvoir lancer son : "Je suis bien malheureuse".
Les spectateurs, Solange et Gaston, ne sont pas en reste et commentent la pièce à laquelle ils assistent. "Ma-ma" annone l'un des acteurs de Grain de sel, qui vient se greffer au milieu du spectacle.
Chacun se répond ou s'ignore. Tout le monde entend tout et il est parfois difficile de garder son sérieux. Le metteur en scène demande cent fois un changement de ton, un placement différent, et il en faut cent-une voire plus pour que l'apprenti-comédien applique les conseils.
Il reste encore tant à faire d'ici début juin que la mission semble impossible. Placide, Oreste, assis dans un coin, attend son heure.
Pour l'instant, tout cela ressemble à un patchwork inesthétique. Il y a des bribes, des instants, mais pas de réelle dynamique. Sauf que le désir, le désir d'un homme, le metteur en scène, et l'envie, l'envie des comédiens, sont là pour tout changer. Et vous offrir, les 5 et 6 juin prochains, à la Chapelle de l'Oratoire à Beaune, une soirée mémorable.


Save the date ! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire