Une merveilleuse photo de
couverture donne instantanément envie d'ouvrir « Camille et
François », le dernier roman de Gérard Pussey. L'histoire
commence au sortir de la deuxième guerre mondiale. Pendant le
conflit, Daisy et Yvonne se sont liées d'amitié dans un abri. La
première s'occupe des enfants de Norbert, un marchand d'armes, veuf.
La seconde a renoncé à ses ambitions d'écrivain pour élever son
fils, orphelin d'un résistant. Tous finissent par vivre sous le même
toit. Camille, la fille de Norbert, et François, le fils d'Yvonne,
grandissent côte à côte, comme frère et sœur, inséparables.
Leur entrée dans l'âge adulte fait naître d'autres sentiments.
François, beau, blond, solide, est attaché à la terre, à ses
racines. Il sculpte. Camille, brune, brillante, tourmentée, fuyante,
se noie dans l'agitation de la Grosse Pomme. Elle jongle avec les
chiffres de la Bourse. Entre eux, les choses évidentes ne sont pas si
simples. Pourront-ils vivre cet amour ?
Autour d'eux, le monde
bouge. De la guerre d'Algérie à l'élection de François Mitterrand
en passant par la Loi Simone Veil et mai 68, la grande histoire se
mêle à la petite. Daisy a un chagrin d'amour, Yvonne est enfin
inspirée pour écrire, Norbert a des velléités politiques que de
vieux démons, découverts par ses concurrents, viennent contrarier.
À la campagne, où tous
se retrouvent souvent, loin de l'agitation parisienne, les
grands-parents semblent immortels. Le maire du village, médecin et
communiste, fait des siennes.
« Camille et
François », magnifique fresque familiale se déroulant sur
plus d'un demi-siècle, est un roman comme on n'en fait plus. En le
lisant, j'ai retrouvé le parfum des livres de ma jeunesse. Les
atmosphères sont admirablement rendues. Le vocabulaire, les
tournures de phrases, tout a un charme délicieusement suranné. On reconnaît
Camille et François.
Gérard Pussey. Éditions du Rocher. 21,90€.
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