vendredi 11 septembre 2015

Vendanges








C'est sous un ciel sans nuages et des vignes inondées de soleil que se déroule la récolte 2015. Les vendanges sont un moment à part dans la région. Tout ce qui s'y rapporte devient prioritaire. Rite immuable, c'est une parenthèse sacrée. Les avancées technologiques ne permettent pas tout et l'on travaille (presque) comme autrefois, ce qui rend l'instant intemporel, renforçant sa magie.
A Meursault et dans toute la côte, les cours des maisons et domaines s'ouvrent sur les portes béantes de cuveries ; il y règne une activité débordante dix jours par an. Les vignes se remplissent de grappes de vendangeurs qui manient sécateurs, seaux et hottes avec dextérité. Le ballet incessant des tracteurs qui transportent des remorques chargées de raisins donne au village l'aspect d'une ruche où chacun s'affaire selon un rôle défini de manière ancestrale.
A la cuverie et malgré l'effervescence, il y a toujours quelqu’un pour prendre le temps d’expliquer ce qui se passe. Quand le raisin arrive, il est directement déversé sur une table de tri. Sur le côté de la remorque, des bâtonnets tracés à la craie indiquent le nombre de hottes dont elle a été remplie. Le viticulteur peut ainsi estimer sa production sachant qu'il faut environ huit hottes pour une pièce (220 litres). Le raisin tombe ensuite dans une curieuse machine. L'égrappoir sépare les grains de raisin des tiges. Ainsi, le raisin poursuit sa route jusqu'aux cuves tandis que les rafles sont ramassées et entassées avant d'être brûlées.


Ici, les enfants, comme Obélix, tombent dedans tout petits, et évoluent en spectateurs pour les plus jeunes, en vrais acteurs pour les plus grands.
Le vin rouge fermente en cuve. On procède au pigeage (du latin populaire : pinsiare, écraser) manuellement, avec un outil nommé "pigeou"; des filins assurent la sécurité des ouvriers, exposés aux émissions inodores mais mortelles de CO2. Jus et peau restent ensemble car c'est la peau qui donne sa couleur au vin rouge. La "densité", quantité de sucre contenue dans le liquide, est scrupuleusement et régulièrement relevée. Nous avons assisté à une manipulation intéressante et spectaculaire. Pour faire éclater les derniers grains et exploser les arômes, le viticulteur renverse de la neige carbonique dans la cuve. La fumée qui s'échappe amène avec elle des effluves de fruits rouges particulièrement intenses.

Le vin blanc lui, fermente en fûts. Nous descendons à la cave où un tonneau à couvercle transparent permet d'observer la lie. En remontant, nous nous arrêtons au pressoir (qui n'a certes plus rien à voir avec les pressoirs que l'on peut voir par exemple au Clos de Vougeot). On remplit deux bouteilles de petit jus, ou vin doux. Le futur vin est pour l'instant un onctueux nectar gorgé de sucre dont on se délecte chaque fois qu’on nous en offre (ceci est un appel !)

L'origine de la "paulée" provient vraisemblablement du patois "paule" qui signifie pelle. Il s'agirait de la dernière pelle de raisins versée dans le pressoir symbolisant la fin des vendanges. La Paulée, donc, réunira bientôt tout le monde dans une joyeuse fête. Auparavant, les véhicules, décorés de branchages et chargés de vendangeurs en liesse, paraderont en klaxonnant au retour des vignes pour signifier la fin des vendanges.

En se promenant plus tard dans les vignes, on découvre et on déguste quelques raisins oubliés. C'est le grappillage ! (Attention, c'est une pratique désormais interdite)



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