La Sentence. Louise Erdrich. Editions Le Livre de Poche. 9,90 €.
Ronde de mots et tour des mondes, ce blog se veut un bric à brac, joyeux si possible... Un brin de douceur, des éclats d'idées, des tranches de vie ou des fragments d'envie : morceaux de soleil (et parfois de pluie) pour partager, voyager, observer et échanger !
lundi 29 septembre 2025
La sentence
dimanche 14 septembre 2025
La bonne mère
La Bonne Mère, c’est ainsi qu’on surnomme la Basilique Notre-Dame de la Garde et son imposante statue de la Vierge protectrice. Le livre sillonne les hauts et les bas de la relation mère/fille en jouant sur le fond, mais également sur la forme, puisque le récit se fait à plusieurs voix, sur deux registres de langage différents. Celui de la mère, direct, parlé, prolétaire assumé et celui de Clara, l’intellectuelle qui a gommé son accent et veut se hisser dans des sphères où son raisonnement résonne. Ce qui ressemble d’abord à une fresque sociale sur fond de transfuge de classe s’avère être, au fil des pages, une peinture bien plus subtile des relations humaines et du couple. Peu à peu, au nord comme au sud, le doute s’infiltre, les fractures se révèlent, le déni perd du terrain. Mathilda Di Matteo fait surgir la violence comme souvent dans la vraie vie. A petites touches insignifiantes. Un mouvement d’humeur vite pardonné, une remarque en apparence anodine et le poison s’instille, quel que soit le milieu social dont on est issu. Là, bizarrement, les codes sont toujours les mêmes. Mère et fille, dans leurs errances et leurs tâtonnements, apprennent. Chacune de son côté, puis ensemble et accompagnées d’une garde rap-
prochée de femmes, elles font triompher l’amour, malgré la douleur. Les hommes, défaillants ici, mais pas jugés, s’effacent sans avoir mis en œuvre cette capacité à l’introspection qui leur aurait permis de trouver leur juste place. Un premier roman lumineux qui déjoue les apparences.
La Bonne mère. Mathilda Di Matteo. Éditions L’iconoclaste. 20,90 €.
mardi 2 septembre 2025
Nous sommes faits d’orage
Si on peut être dérouté, au début, de devoir jongler entre les années, on est très vite happé par la puissance du récit de Marie Charrel. On se familiarise avec ces protagonistes que l’on croise successivement à différentes époques de leur vie. Au fur et à mesure que leur portrait est brossé, on pénètre au cœur de leur fonctionnement. Une femme douée de seconde vue, les autres soudées par la force des traditions, parfois libératrice, parfois dévastatrice. Les hommes rudes, droits, attachés à leur liberté et à leur montagne pour certains, curieux du monde pour d’autres. Elora, libre et différente. Il y a la jeunesse et la révolte. La soumission et l’abnégation. La poésie et l’espoir puissant qu’elle véhicule quand on est bâillonné. Chapitre après chapitre, on suit les aventures de Dritan et Elora, de Sarah et Niko, dans les secrets entremêlés et les mutismes qui, peu à peu, font place à la vérité. L’écriture est âpre et douce à la fois. Elle explore le rapport à la nature, les notions d’émancipation et d’enfermement, fouille les liens amicaux, familiaux et les loyautés qui en découlent, forgés dans une culture dont, nous, Français, ignorons tout. La toile de fond du régime dictatorial entraîne les personnages à dévoiler les facettes contradictoires enfouies dans chaque être humain. Comment réagir face à l’univers, au pouvoir, à la violence, l’amour, à la place de l’individu dans la société ? Marie Charrel examine avec maestria toutes les pistes, de la vengeance à la fuite, de la trahison au pardon, de la colère à l’acceptation, de la mort à la vie. Un roman d’une grande intensité, impossible à lâcher !
Nous sommes faits d’orage. Marie Charrel. Éditions Les Léonides. 21,90 €