La Bonne Mère, c’est ainsi qu’on surnomme la Basilique Notre-Dame de la Garde et son imposante statue de la Vierge protectrice. Le livre sillonne les hauts et les bas de la relation mère/fille en jouant sur le fond, mais également sur la forme, puisque le récit se fait à plusieurs voix, sur deux registres de langage différents. Celui de la mère, direct, parlé, prolétaire assumé et celui de Clara, l’intellectuelle qui a gommé son accent et veut se hisser dans des sphères où son raisonnement résonne. Ce qui ressemble d’abord à une fresque sociale sur fond de transfuge de classe s’avère être, au fil des pages, une peinture bien plus subtile des relations humaines et du couple. Peu à peu, au nord comme au sud, le doute s’infiltre, les fractures se révèlent, le déni perd du terrain. Mathilda Di Matteo fait surgir la violence comme souvent dans la vraie vie. A petites touches insignifiantes. Un mouvement d’humeur vite pardonné, une remarque en apparence anodine et le poison s’instille, quel que soit le milieu social dont on est issu. Là, bizarrement, les codes sont toujours les mêmes. Mère et fille, dans leurs errances et leurs tâtonnements, apprennent. Chacune de son côté, puis ensemble et accompagnées d’une garde rap-
prochée de femmes, elles font triompher l’amour, malgré la douleur. Les hommes, défaillants ici, mais pas jugés, s’effacent sans avoir mis en œuvre cette capacité à l’introspection qui leur aurait permis de trouver leur juste place. Un premier roman lumineux qui déjoue les apparences.
La Bonne mère. Mathilda Di Matteo. Éditions L’iconoclaste. 20,90 €.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire