mercredi 7 février 2024

Basses terres



1976. Basse-Terre. La Grande Soufrière fait des siennes. Ça crache, ça s’affole. Haroun Tazieff ne croit pas à une éruption ; d’autres, comme Claude Allègre, le jugent irresponsable et préconisent l’évacuation. Dans cette atmosphère proche de l’explosion, évolue Eucate qui élève seule sa petite-fille Anastasie, dans une cabane sur les pentes du volcan. Elle ne partira pas. En Grande-Terre, de l’autre côté de l’isthme, Elias retrouve son fils Daniel, de retour en Guadeloupe pour la première fois depuis des années, avec femme et enfants. La case se remplit de visiteurs et de cousins déplacés. A Basse Terre, Anastasie vient se confronter à son méprisant géniteur. Rony, employé dans le même garage, remarque la jeune fille. Il est instantanément envoûté.
Basses terres, comme son nom le suggère, nous emmène aux tréfonds du cœur des humains. Au fil des intrigues, Estelle-Sarah Bulle dessine ses personnages avec minutie. Leurs univers, parallèles ou convergents, sont aussi l’occasion d’explorer l’île en profondeur, ses coutumes, ses mystères, ses blessures, son passé. La misère est une fatalité dont certains s’accommodent avec le sourire tandis que d’autres nourrissent de grands rêves de richesse ou d’évasion en métropole. La folie affleure,
entre passion et désillusion. C’est un roman âpre et coloré. L’auteur pose un regard à la fois doux et sans concession sur l’île papillon. Une belle découverte.


Basses terres. Estelle-Sarah Bulle. Editions Liana Levi. 20 €.

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