dimanche 26 mars 2023

Mon crime


 


J’ai lâché mes livres pour aller au cinéma. Et je ne l’ai pas regretté. Comme il est adapté d’une pièce de théâtre de Georges Berr et Louis Verneuil (dont je vais m’empresser de chercher le texte), le film Mon crime a toute sa place ici. L’histoire ? Une jeune comédienne sans le sou (Nadia Tereszkiewicz) rencontre, pour un futur rôle, un producteur qui tente d’abuser d’elle. Peu de temps après, le bonhomme est retrouvé assassiné. La jeune fille n’a rien à voir avec le meurtre mais elle fait figure de coupable idéal. Son amie et colocataire (Rebecca Marder), fauchée comme elle, avocate, comprend vite comment la publicité autour d’une telle affaire pourrait être bénéfique à leurs carrières respectives. L’actrice, Madeleine Verdier, s’accuse donc du crime. Le juge Rabusset (magnifique Fabrice Luchini) se gausse d’avoir élucidé l’affaire si rapidement. Pauline, l’avocate, plaide brillamment la légitime défense. Les journalistes s’affolent. Un investisseur marseillais (inattendu Dany Boon), ayant acheté peu avant en viager l’appartement du producteur, se frotte les mains de sa bonne fortune. Un industriel fauché refuse de voir son fils épouser une criminelle. Une vieille actrice sur le retour, Odette Chaumette, fait son apparition dans le décor. Dans Mon crime, François Ozon, inspiré, renoue avec l’esprit de Huit femmes. Dès les premières images, on est littéralement transportés dans les années 30. Les décors, la garçonnière Art Déco, Danielle Darrieux lumineuse à l’affiche du cinéma (clin d’œil au film évoqué précédemment), les tractions rutilantes... tout est minutieusement reconstitué ! Et les costumes, un sans-faute ! Les personnages de Madeleine et Pauline arborent des toilettes d’une élégance folle (Chanel n’est pas loin). Odette, à laquelle Isabelle Huppert donne un irrésistible grain de folie, souligne son anachronisme avec ses robes et chapeaux à la Sarah Bernhardt. Les situations sont divinement cocasses. Le texte, éblouissant et drôle, dans un contre-courant subtil, dénonce avec un comique savoureux les inégalités de la société et les travers des humains. La quête de la gloire et de la richesse, la cupidité, la reconnaissance à tout prix, le statut social et j’en passe... Ce film est un bonbon acidulé, une réjouissance dont il ne faut pas se priver. On ressort subjugué par l’intelligence des dialogues, la malice des acteurs, l’esthétique impeccable, l’humour tout en finesse. Courez vite au cinéma et ne manquez pas le générique de fin !


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