lundi 14 septembre 2020

L'enfant céleste

Les étoiles ! 




Célian est un enfant sensible et intelligent. Cependant, distrait, il souffre à l’école et agace sa maîtresse. « Enfant paresseux ». « Demande de redoublement ». Mary, elle, est à la dérive depuis que Pierre a rompu en écrivant « Je ne peux pas faire l’amour sans amour ». Mary patine, plombée par tous ces mots, violents et insensés. Elle se réfugie avec son fils dans le Morvan, chez sa mère. Célian, d’habitude si peu concentré, reste des heures à contempler la nature. Mary s’y reconnecte aussi. Dans le jardin, elle retrouve pêle-mêle les repères et les blessures de son enfance... En levant la tête vers la voûte étoilée, les souvenirs de son père défunt affluent. Elle se rappelle leurs conversations au sujet de Tycho Brahe. Elle prend alors une décision salutaire. Elle déscolarise Célian et l’emmène en voyage sur une île de la Baltique où l’astronome a vécu, observé et cartographié le ciel. Sur place, ils rencontrent un universitaire anglais, spécialiste de Shakespeare, qui cherche à établir un lien entre Tycho Brahe et Hamlet. Dans un environnement sauvage et préservé, mère et fils explorent la nature heurtée et pure. La faune, la flore, l’histoire tourmentée du scientifique de la Renaissance, les légendes d’Hamlet, tout est prétexte à la découverte. Ils trouvent, ensemble et séparément, les chemins de la réassurance et des apprentissages.

La contrariété provoquée par quelques regrettables coquilles  (je chipote mais ça me vrille le cœur à chaque fois pour le travail de l’auteur), la contrariété, donc, est bien vite effacée par la poésie de ce premier roman. Ode à la lenteur, à la respiration, il invite le lecteur à tout regarder intensément, autrement peut-être. Chaque page est un enchantement. Les personnages, déboussolés, solides pourtant, se fondent peu à peu dans l’univers tout entier pour parvenir à s’ancrer. La magie des étoiles, le fascinant et sombre parcours de Tycho Brahe, les mystères infinis qui planent toujours autour de Shakespeare ; le rythme d’écriture, avec des chapitres courts où se succèdent les voix de Célian et de la narratrice… tout cela donne à  l’ensemble une légèreté et une profondeur qui se savourent.

Au fur et à mesure de la lecture, on a envie de partir à l’aventure et laisser le vent marin fouetter notre visage. On se rappelle cet été sans nuage permettant aux curieux de lever les yeux vers les étoiles (et d’admirer la comète Neowise, dont le prochain passage est prévu pour dans 6800 ans). On veut lire et relire Shakespeare… Plonger dans « Tycho Brahe, l’homme au nez d’or » (Henriette Chardak, Presses de la Renaissance). Il trône patiemment dans la bibliothèque familiale depuis très longtemps en attendant d’être lu, c’est sans doute le moment… J’aime les livres qui nous invitent à en ouvrir d’autres.

 Avec « L’enfant céleste », Maud Simonnot (qui recevra le Prix Méo-Camuzet du premier roman lors du Salon Livres en Vignes fin septembre) offre au lecteur un regard lumineux et délicat sur les façons d’accepter la différence et de guérir les chagrins d’amour. Brillant.

 

L’enfant céleste. Maud Simonnot. Éditions de l’Observatoire. 17€

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