Étouffer
les souvenirs, oublier le passé, ignorer les signes, c'est se
perdre, mourir à petit feu. La mémoire est ce qui
nous tient en vie. Ce qui fait notre identité. Ce qui nous sauve du
désespoir. La mémoire permet de construire, de réparer. Valérie Perrin nous en fait la
démonstration magistrale dans un très beau premier roman que l'on
peut se procurer en Livre de Poche.
Justine est
aide-soignante dans une maison de retraite. Âgée d'une vingtaine
d'années, elle vit chez ses grands-parents avec son cousin Jules.
Leurs parents sont morts accidentellement lorsqu'ils étaient tout
petits.
Le week-end, la jeune
fille se détend en boîte de nuit, au Paradis. Elle a un principe :
ne pas coucher plus d'une fois avec le même garçon. Sauf qu'avec
« je-ne-me-rappelle-plus-comment », elle a dérogé à la
règle et, si elle ne connaît toujours pas son prénom, s'est
retrouvée dans son lit à plusieurs reprises.
A la maison de retraite,
elle se passionne pour l'histoire d'Hélène, une pensionnaire
presque centenaire. Dans un cahier bleu, elle écrit les confidences de
la vieille dame pour pouvoir les transmettre à Roman, le petit-fils
de cette dernière.
Un jour, à la maison de
retraite, c'est l'effervescence. Un mystérieux anonyme a téléphoné
aux familles des « oubliés du dimanche », ceux qui ne
reçoivent jamais de visite, pour leur annoncer la mort de leur
parent. Effet garanti. Les proches rappliquent. Les policiers
trouveront-ils le corbeau ?
Enquêtes multiples.
Entre le présent et le passé, Justine évolue dans l'écheveau
complexe des secrets de famille. Hélène ne savait pas lire. Lucien,
par un moyen détourné, lui a appris. Pendant la seconde guerre
mondiale, Simon, juif polonais, a trouvé refuge dans le café que
Lucien et Hélène tenaient ensemble. Simon a été tué. Qu'est devenu Lucien, arrêté ?
Les parents de Justine et
Jules se rendaient à un baptême. Ils étaient jeunes. La vie leur
souriait. Que leur est-il vraiment arrivé ? Pourquoi Jules
est-il fâché avec ses grands-parents maternels ? Pourquoi leurs grands-parents paternels, qui les ont élevés, restent-ils
obstinément silencieux ?
Autant le dire tout de
suite, une fois le roman ouvert, il est difficile de s'en détacher
avant la fin. Dès les premières pages, on est saisi par le
charisme, la maturité et la fraîcheur de Justine Neige, la
narratrice. L'action se passe à Milly, petit village bourguignon. Le
Milly de Lamartine ? L'histoire ne le dit pas. La vie des
habitants, d'hier et d'aujourd'hui, est racontée avec beaucoup de
délicatesse. Valérie Perrin prend soin de ses personnages jusque
dans leurs failles et leur rudesse. La romancière, d'énigmes en
rebondissements, maintient son lecteur en haleine. Elle tisse
patiemment ses récits enchevêtrés jusqu'à la chute délicieuse et
inattendue.
Les oubliés du dimanche.
Valérie Perrin. Livre de Poche. 7,90€
Effectivement, un beau livre. MAIS...plusieures zones d’ombre: d’où sort la maison en Sardaigne d’Hélène dont hérite Justine? Il n’en ai jamais questions dans le roman. (Le couple Hélène/Lucien ne prend jamais de congé sauf le 1° janvier...
RépondreSupprimerSans spolier, le jour de l’accident des parents de Justine, l’histoire de la voiture n’est pas claire...