mardi 25 décembre 2018

Solidarité en Seine


Marie se prépare pour un Noël peu ordinaire. Avec son mari et leurs quatre enfants, de grands adolescents très sympathiques, elle a mis en place une tradition pour le 24 décembre. Les repas de famille interminables où parfois l’hypocrisie fait foi, très peu pour elle. La messe de Minuit ? Voir son odieuse voisine du cinquième pencher religieusement la tête et tendre la main en signe de paix, sourire angélique aux lèvres, avant de déverser son fiel à peine sortie de l’église ? Ça lui donne la nausée. Non, Marie a décidé de vivre sa foi en l’humain en entraînant toute sa famille pour un réveillon solidaire au fil de la Seine.
Le Secours Catholique, avec l’Association des Cités du Secours Catholique, invite environ 600 personnes – des familles et des personnes isolées, accompagnées ou hébergées tout au long de l’année par le Secours Catholique et l’ACSC – à vivre une soirée un peu exceptionnelle : un réveillon “dîner croisière” sur la Seine, à bord de cinq bateaux-mouches spécialement affrétés. Marie et sa famille sont bénévoles. Ce soir-là, ils se mobilisent avec une centaine d’autres volontaires pour servir, animer et partager. L’occasion pour eux d’agir concrètement au service de l’autre, de mettre en pratique l’esprit de Noël. Il fait nuit quand les premiers participants montent à bord. Tout est prêt. Les tables rondes ont été dressées, des paillettes saupoudrées sur la nappe. Le menu cartonné posé au centre.
Une population chamarrée se mêle aux bénévoles. Lesquels sont le plus heureux ? Difficile de le dire. On parle, on chante, on danse. On rit, on plaisante, on apprend à se connaître. On se découvre dans un cadre différent. Roger, sans domicile fixe, s’est mis sur son 31. Il commente : « C’est chouette de se retrouver un petit peu comme en famille ». Une jeune femme maquille les enfants qui le souhaitent. Des ballons de baudruche s’envolent. Marie sourit à son mari. Tout cela donne du sens à la vie. Leur famille a beaucoup reçu, elle trouve normal de “redonner”. Nicolas, son petit dernier, 16 ans, râle pour tout à la maison. Casque sur les oreilles, allure dégingandée, il traîne son adolescence depuis le canapé du salon jusqu’au ramassis de bazar qui lui sert de chambre. Marie s’époumone souvent. Ce soir, il passe à côté d’elle avec un plateau chargé de vaisselle sale. Il lui fait signe et  glisse : « On passe un bon moment, hein ? J’aime bien faire plaisir aux gens, me sentir utile ! ». Quel beau cadeau ! Marie se dit : « Le voilà le miracle de Noël ! ».


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