mardi 29 mars 2016

Billet d'humeur




Certains s'enlisent dans ce que l'on appelle "le complexe de l'imposteur". Ils doutent en permanence de leurs talents, sont paralysés à l'idée de ne pas se montrer à la hauteur de leurs ambitions, et s'ils ne changent rien, finissent pas se saboter.
D'autres en revanche, rodés à la manipulation et dopés au mensonge ne sont étouffés par rien. Audiard disait : " Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît". Et c'est ce qui fait toute la différence avec les tricheurs. C'est qu'on a bien du mal à reconnaître ces derniers, tant ils se drapent dans les faux-semblants. Ils ont l'art de montrer une patte aussi blanche que leur âme est noire, jetant de la poudre aux yeux de congénères pourtant non dépourvus d'intelligence, de sensibilité et de bon sens.
Ils ont bien compris les rouages du système, en usent et en abusent. Ils s'inventent des diplômes et des trophées, des compétences professionnelles ou artistiques, bref, une vie... Quelle importance ? Personne n'ira vérifier. Autant faire fantasmer les gens avec un CV en or, fût-il plaqué... Autant s'inventer une histoire extraordinaire pour combler le vide de l'existence. L'imposteur est un illusionniste qui, la plupart du temps, n'est jamais démasqué. Celui qui ment sourit toujours et ne doute jamais. Il sait qu'il avance dans un monde où personne ne vient bousculer les apparences. Il s'en trouve pourtant, peu nombreux sans doute, qui ne se laissent pas berner. À tous ceux-là, les victimes des imposteurs disent merci, car c'est dans cette intégrité qu'est la vraie vie. Et pour conclure ce billet, les mots d'Alice Ferney, dans Cherchez la femme ( Actes Sud 2013) semblent tout indiqués :
"Avoir l'air de. Sembler être. Jouer à. Imposture sociale qui créait aussi-on ne s'en avise pas sur le moment-une imposture vis à vis de soi-même : à force de tout sacrifier à l'enveloppe extérieure, le tricheur se fabrique un intérieur vide. [...] ne s'attacher qu'à paraître et ne rien devenir du tout."

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