Certains s'enlisent dans ce que l'on appelle
"le complexe de l'imposteur". Ils doutent en permanence de leurs
talents, sont paralysés à l'idée de ne pas se montrer à la hauteur de
leurs ambitions, et s'ils ne changent rien, finissent pas se saboter.
D'autres
en revanche, rodés à la manipulation et dopés au mensonge ne sont
étouffés par rien. Audiard disait : " Les cons ça ose tout, c'est même à
ça qu'on les reconnaît". Et c'est ce qui fait toute la différence avec
les tricheurs. C'est qu'on a bien du mal à reconnaître ces derniers,
tant ils se drapent dans les faux-semblants. Ils ont l'art de montrer
une patte aussi blanche que leur âme est noire, jetant de la poudre aux
yeux de congénères pourtant non dépourvus d'intelligence, de sensibilité
et de bon sens.
Ils ont bien compris les rouages du système, en
usent et en abusent. Ils s'inventent des diplômes et des trophées, des
compétences professionnelles ou artistiques, bref, une vie... Quelle
importance ? Personne n'ira vérifier. Autant faire fantasmer les gens
avec un CV en or, fût-il plaqué... Autant s'inventer une histoire
extraordinaire pour combler le vide de l'existence. L'imposteur est un
illusionniste qui, la plupart du temps, n'est jamais démasqué. Celui qui
ment sourit toujours et ne doute jamais. Il sait qu'il avance dans un
monde où personne ne vient bousculer les apparences. Il s'en trouve
pourtant, peu nombreux sans doute, qui ne se laissent pas berner. À tous
ceux-là, les victimes des imposteurs disent merci, car c'est dans cette
intégrité qu'est la vraie vie. Et pour conclure ce billet, les mots
d'Alice Ferney, dans Cherchez la femme ( Actes Sud 2013) semblent tout
indiqués :
"Avoir l'air de. Sembler être. Jouer à. Imposture sociale
qui créait aussi-on ne s'en avise pas sur le moment-une imposture vis à
vis de soi-même : à force de tout sacrifier à l'enveloppe extérieure,
le tricheur se fabrique un intérieur vide. [...] ne s'attacher qu'à
paraître et ne rien devenir du tout."
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