
Ben Whyte, star d’Hollywood, vient à Paris faire la promotion mondiale de son dernier film. Journaliste pour le magazine culturel L’Œil Hebdo, Marianne Corvo nourrit pas mal de fantasmes à l’égard du bel acteur. Le sourire de Ben Whyte s’affiche sur son fond d’écran et à force de couvrir tous ses films, elle a fini par obtenir une sorte de chasse gardée. C’est donc tout naturellement que le rédacteur en chef pense à elle : Interview de l’acteur néo-zélandais, deux pages pour le lundi suivant. Dans les couloirs de l’hôtel Meurice, Marianne se sent comme un éléphant dans un magasin de porcelaine d’autant que Ben Whyte est réputé pour être désagréable avec les journalistes. Notre intervieweuse, catastrophe ambulante cousine de Bridget Jones, n’en mène pas large. Elle et son syndrome de l’imposteur se traînent jusqu’à la suite qui sert de salle d’attente à la Presse. Marianne se renverse du café bouillant sur la cuisse juste à temps pour se présenter, la jambe en feu et une grande tache sur le pantalon, devant un Ben Whyte « aussi avenant qu’un pont-levis en période de siège ». Elle enchaîne alors les gaffes, s’asseyant sur un humain, oubliant ses questions et son anglais, bredouillant d’affreux lapsus. Les minutes s’égrènent et l’interview tourne au désastre. Le soir, dans l’obscurité de sa chambre, Marianne, abattue, ne rêve que de « [s]’encastrer dans une poubelle et de refermer le couvercle, en attendant les services municipaux ». Le lendemain, l’attachée de presse la rappelle et lui offre une deuxième chance. Le cauchemar continue.
Depuis plusieurs mois, je voyais la couverture attractive de Paris Hollywood fleurir régulièrement sur les réseaux. La quatrième, tout aussi séduisante, laissait supposer une lecture estivale plaisante. J’ai finalement plongé dans ce roman juste avant l’automne et il a largement comblé mes attentes. J’espérais un gentil divertissement ? Dès les premières lignes, j’ai su qu’on était un cran au-dessus. La belle surprise ! Ce premier roman regorge d’humour et de finesse. Cécile Mury, journaliste cinéma à Télérama, tire les ficelles sans jamais tomber dans la caricature ou la guimauve. De sa plume alerte, elle signe une comédie romantique désopilante. L’autrice définit elle-même l’histoire de Marianne et Ben comme un « film à lire ». On tourne les pages de façon addictive, tout comme on est scotché à l’écran face à Love Actually ou Retour à Notting Hill, la richesse des mots et l’imagination du lecteur en plus. Cécile Mury maîtrise l’art de poser le décor et de décrire avec une grande décontraction les situations les plus cocasses. J’ai été emportée par le rythme, les références cinématographiques et musicales nom- breuses, explicites ou enfouies au détour d’une phrase (comprenne qui peut). Certaines scènes surréalistes, je pense au pétrin dans lequel notre héroïne se met au cours d’un gala de charité à Londres, m’ont fait pleurer de rire. Une pépite douce et hilarante à lire et à offrir sans restriction !
Paris Hollywood. Cécile Mury. Editions Flammarion. 21,50 €
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