jeudi 6 juillet 2023

La ballade du feu

 


La période estivale pointe le bout du nez… L’envie de se prélasser au jardin avec un bon roman est grande ! Quant à celle de se retrouver devant l’ordinateur pour rédiger une chronique… elle est intacte mais, parmi mes dernières lectures, laquelle partager avec vous aujourd’hui ? La ballade du feu, d’Olivier Mak-Bouchard, mon dernier coup de cœur ? Une sorte de paresse arrête mes doigts sur le clavier. Ma grande copine la procrastination m’incite à renoncer : laisse tomber. Comment tu vas te dépatouiller d’une histoire pareille à résumer ? Tu réfléchiras demain… Nul doute qu’un certain nombre de lecteurs se retrouveront dans le tempérament du narrateur, potier contrarié parce que “trop bon” à l’école ! Combien, comme lui, ont expérimenté les jugements à l’emporte-pièce et les idées préconçues en matière d’orientation ? Résultat des courses, notre jeune homme, habitant de Rustrel (le Colorado provençal), se fait virer de Monsieur Bricolage. A la maison, il retrouve son frère Doumé, un postier syndicaliste, son canapé et leur émission de télé préférée. Il écume sans succès les petites annonces pour retrouver un emploi. Un chat passe par là. Pelage smocking, il s’appellera Tartampion. Après l’avoir nourri en loucedé, le narrateur, finalement épaulé par son frère, décide de garder la bestiole, avec laquelle il engage un dialogue pour le moins productif. Pas de bol, le félin est tatoué ! Heureusement, l’ancien propriétaire, qui l’a perdu depuis plusieurs années, accepte l’adoption. Rendez-vous est pris chez le vétérinaire…
L’histoire commence ainsi, grosso modo. En faire une synthèse serait périlleux ! C’est pourquoi j’ai failli ne pas chroniquer ce livre. Flemme, je vous dis ! Et puis, il faut maintenant caser mille cinq cents signes pour vous décrire ce que j’en ai pensé ! Que du bien ? Aïe ! Il n’y a pas le compte. J’ai aimé l’écriture, à la fois structurée et désinvolte. J’ai aimé le ton, légèrement barré, avec une pointe de poésie, où le réel et le surnaturel se côtoient cependant sans faire de vague. J’ai aimé l’intelligence et l’arborescence du récit, l’effet “coup de billard à trois bandes”. J’ai aimé cette omniprésence du feu, matériel dans la cuisson de la faïence, virtuel dans la puissance du soin, métaphorique dans chaque page. J’ai aimé les atmosphères, les couleurs du Lubéron, la texture de la terre modelée, les odeurs de forêt, le battement d’ailes d’un aigle de Bonelli, la saveur du succès que l’on ne peut goûter si on n’a pas connu d’échec. Et ce succès est parfois dans un tout petit détail, pas forcément dans une réussite éclatante. C’est ce que nous raconte magnifiquement Olivier Mak-Bouchard ici. Entre fable et fiction, il nous emmène sur un chemin caillouteux mais ô combien joyeux de coïncidences et de rebondissements, de hasards et de rencontres improbables, de santons magiques et de passeur de feu. Un moment de lecture souvent drôle, parfois émouvant, où le majestueux se cache dans l’ordinaire.


La Ballade du feu. Olivier Mak-Bouchard. Editions Le Tripode. 20 €.

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