mardi 16 mai 2023

Après nos rêves enfin le jour


Après une semaine de coma, Maximilien émerge du brouillard. La trentaine, il se tire sans graves séquelles de l’AVC qui l’a cloué dans un lit d’hôpital. D’après son médecin, l’amnésie qui le prive de tous ses repères devrait s’estomper au fil des jours. En attendant, il faut reconstituer le puzzle et Maximilien est un peu perdu. Il finit par identifier ses parents, son frère, son meilleur ami... L’image d’une femme brune et des effluves fruités lui reviennent en mémoire de façon obsédante. Il a du mal à comprendre que la blonde Marlène, dont le parfum l’écœure, soit sa femme. Il comprend toutefois qu’ils sont en instance de divorce. Mais les pistes sont maigres pour tenter de vérifier si les bribes de souvenirs qui l’effleurent relèvent du fantasme ou de la réalité. Diane, de son côté, n’a pas eu une enfance facile. Sa mère a longtemps menti sur l’identité du père de sa fille avant de se suicider. Élevée dans le culte de la princesse Diana et dans l’espoir d’avoir un grand destin, Diane a dû se construire avec ces failles. Enfin, un bout de ses rêves de comédienne se réalise. Elle obtient un rôle dans une série ! Quand, plus tard, le cinéma lui propose le haut de l’affiche, elle se lance à corps perdu. Elle ne parvient cependant pas à oublier cet homme qu’elle a rencontré et qui n’est pas venu à leur dernier rendez-vous. Dans la boîte à livres grâce à laquelle ils se transmettaient des missives, elle a fini par déposer un ouvrage de son auteur préféré, David Foenkinos. Elle a glissé entre les pages ses coordonnées, jusqu’alors jamais échangées. Une bouteille à la mer qui ne semble pas avoir touché son destinataire. 

Avec ce troisième roman, Magali Discours nous entraîne dans un grand chassé-croisé amoureux. On est bien évidemment emporté dès les premières lignes. Entre Paris, Senlis et Dijon, les personnages cherchent, espèrent, renoncent, accompagnés par un entourage tour à tour circonspect et complice. La quête de Maximilien avance pas à pas, de déduction en reconstitution. Diane se jette dans ses objectifs professionnels en traînant derrière elle la question restée sans réponse de ce silence qui la prive de ce qu’elle croyait être enfin une belle histoire d’amour. Au milieu de tout cela, Magali Discours, avec la facétie et l’imagination qui la caractérisent, a attribué à David Foenkinos une fonction inattendue et terriblement crédible. Dans les lignes d’Après nos rêves enfin le jour, on retrouve son sens aigu de la formule, qui nous avait fait aimer ses deux précédents romans. Les personnages secondaires, la tante, la voisine, la copine, les nièces (Delphine et Marina qu’on surnomme Marinette..., petit clin d’œil à Marcel Aymé), la femme sans-abri, les maîtres de stage, tous, à un moment donné, jouent une partition sans laquelle le concert ne peut avoir lieu. C’est bien ficelé. L’auteure, par un joli tour de passe-passe, évite l’écueil d’une fin trop attendue et nous surprend jusqu’au bout. Bien joué !
 

Après nos rêves enfin le jour. Magali Discours. Éditions de l’Archipel. 20 €.

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