Ondes de choc.
Le titre, Champs de bataille, est trompeur. Franck Hériot
nous entraîne d’abord habilement sur une fausse piste. Pour mieux explorer la
métaphore ? Car ce roman n’est pas un récit de guerre. Ici, le terrain de
conflit est la personne même du narrateur. Ce dernier raconte le combat
intérieur qu’il doit mener face à son corps brisé et son âme dévastée. Mort à
demi, paralysé complètement. Cela vaut-il le coup de revenir dans un monde en
mouvement ? L’auteur dissèque avec force les états d’âme de Charles. Avec
un vocabulaire précis et varié, il pointe les souffrances endurées, tant corporelles
que psychiques. Sans fausse pudeur et avec une pointe d’humour, il fait
raconter à son narrateur les petites humiliations de sa condition, grandes
défaites et petites victoires. Tour à tour âpre et lumineux, ce roman nous
transporte dans la tête d’un homme qui doute. La tentation d’abandonner revient
comme le ressac. Charles puise régulièrement les citations de ses auteurs
préférés dans le carnet où il les consigne pour ne pas les oublier. Elles
s’égrènent, tout au long de l’histoire, soulignant l’humeur ou étayant le
propos. La littérature agit comme une béquille et tant bien que mal, essaye de
panser les plaies béantes. Se refermeront-elles jamais ? Belle écriture,
fin déroutante, un livre profond et bouleversant.
Champs de bataille.
Franck Hériot. Editions le Rocher. 18,90€
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