Le format numérique du journal au mois de novembre m'a donné envie de prendre quelque liberté avec la
présentation habituelle de ma rubrique "la moisson". Après avoir longuement tourné et
retourné les choses dans ma tête (eh non, l’inspiration n’apparaît pas toujours
d’un coup de baguette magique), j’ai choisi de vous raconter mon 15 novembre,
troisième dimanche du mois.
Réveil un jour de Vente des Vins sans Vente des Vins. L’atmosphère
est particulière. Silence, air presque doux, un ciel qui ne sait pas quelle
teinte adopter. Seule à la maison, je décide de m’octroyer une journée hors du
temps. Plongée depuis plusieurs jours dans un roman historique passionnant, je me
laisse happer par La chambre des dupes
dès le petit déjeuner. Pauline de Vintimille, maîtresse de Louis XV, vient de
mourir en couches. Le Roi rappelle son ancienne maîtresse, sœur de la première.
Mais il convoite une troisième sœur, Marie-Anne de la Tournelle, comtesse
jeune, veuve et fort jolie. La belle veut un destin, pas question de baisser
les armes sans conditions. Elle sera Duchesse de Châteauroux. Tourbillon de la
cour, querelles d’étiquette, complots politiques, poids de la religion et
secrets d’alcôve, l’auteur ne recule devant aucune prouesse de langage pour décrire
les coulisses de la Monarchie dans cette première moitié du XVIIIème siècle. La
plume est facétieuse, le vocabulaire, foisonnant. Un ouvrage dense (512 pages)
mais palpitant.
La dernière ligne engloutie, je jette un œil dehors. Les rues
sont incroyablement désertes. J’y accomplis ma marche dominicale, intermède sportif
entre deux lectures.
Au retour, je jette mon dévolu sur une biographie. Anne de
Cossé-Brissac, l’auteur, est l’arrière-arrière-petite-fille de la Comtesse de
Greffulhe dont elle raconte la vie. On retrouve les descendants des personnages
de ma lecture précédente. Elisabeth de Caraman-Chimay, comtesse de Greffulhe
appartient en effet à la lignée du fils né de Pauline de Vintimille et Louis
XV. La jeune femme, belle, cultivée et curieuse, épouse d’un homme richissime,
a marqué la fin du XIXème et le début du XXème siècle en recevant dans son
salon et en œuvrant pour les plus grands, musiciens, scientifiques, hommes
politiques, écrivains… Elle a aussi inspiré Proust pour le personnage de la
Duchesse de Guermantes. Au fil des pages, je croise des protagonistes déjà rencontrés
ailleurs et observe des événements disséqués dans d’autres ouvrages, comme
l’incendie du Bazar de la Charité (La part des flammes. Gaëlle Nohant) ou
l’affaire Dreyfus (Assassins. Jean-Paul Delfino). Captivant et
instructif !
Le soir, ivre de tous ces noms qui ont fait l’Histoire, j’abandonne
le papier pour l’écran. Pas question, en effet, de manquer la quatrième saison
de The Crown, série addictive et passionnante retraçant l’histoire du règne
d’Elisabeth II. Même s’il s’agit d’une fiction, le spectateur a la sensation vertigineuse
de basculer de l’autre côté du miroir. A regarder en V0, of course* !
Passer ma journée avec des têtes couronnées aura finalement
relégué le corona-(du latin couronne) –virus et ses conséquences fâcheuses au
second plan ! Evasion réussie.
*bien sûr
La chambre des dupes. Camille Pascal. Editions Plon.2020.
22€.
La Comtesse de Greffulhe. Anne de Cossé-Brissac. Editions
Perrin. Terre de Femmes. 1991. Epuisé. A retrouver sur leslibraires.fr
La part des flammes. Gaëlle Nohant. Publication originale
2015. Poche. 8,70€
Assassins. Jean-Paul Delfino. EHO. 2019. 18€
The Crown. Série Netflix. Sortie 2016. 4ème saison
en ligne depuis le 15 novembre 2020.
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