lundi 12 octobre 2020

La mémoire des vignes


Septembre 2015. Meursault. Kate, américaine, est sommelière à San Francisco. D’origine française, elle revient pour les vendanges dans le domaine familial, repris par son cousin, Nico. Ce retour à ses racines fait surgir des souvenirs consciencieusement enfouis de sa vie d’étudiante. En effet, c’est en Bourgogne que vit également Jean-Luc, son premier amour perdu. Et Kate s’était juré de s’épargner une visite dans les parages. Mais elle se prépare pour le Master of Wine, le plus prestigieux des concours d’œnologie, et elle a un talon d’Achille. Ce sont, paradoxalement, les vins français. A la faveur de la fermeture du grand restaurant dans lequel elle travaillait, elle a donc décidé d’un voyage de plusieurs mois sur le vieux continent pour perfectionner ses connaissances.

Il reste quelques jours avant que le raisin soit mûr. L’épouse de Nico demande à Kate de l’aider à débarrasser une cave encombrée des reliques des générations précédentes. Là, au milieu d’un amas de cartons et de vieux meubles hors d’usage, Kate trouve une valise aux initiales mystérieuses. A l’intérieur, des vêtements à la mode des années 1940. Elle découvre l’existence d’une étonnante jeune fille, bizarrement disparue de la généalogie familiale. Elle se met en tête de faire la lumière sur cette affaire et est entraînée malgré elle dans les heures sombres de l’Histoire, entre 1939 et 1945.

Evidemment, un roman dont l’intrigue se situe au cœur de notre terroir avait toutes les raisons de susciter ma curiosité. D’autant plus qu’il a été écrit par une Américaine, journaliste et écrivain . Sur la couverture, un petit coup de pouce de Tatiana de Rosnay. « L’incroyable livre d’Ann Mah saura vous émerveiller » donne le ton… Si quelques descriptions sont approximatives et que certains lieux dont il est question dans l’ouvrage sont totalement fictifs, on se repère néanmoins ; le cadre est familier et on est tout de suite à l’aise avec le décor. On plonge rapidement dans les méandres de l’Histoire et tous les fantasmes qu’elle a soulevés : les caves murées pour préserver les meilleurs crus de la gourmandise allemande, les oscillations parfois inévitables de la population entre collaboration et résistance, passivité ou action. On pénètre au cœur d’une problématique bien plus complexe que cette dichotomie longtemps évoquée dans les œuvres littéraires et cinématographiques au sujet de la Seconde Guerre Mondiale. Le passé fait écho au présent et interroge Kate sur ses choix, ses blocages et ses aspirations profondes. Chaque page lue éveille le désir insatiable de passer à la suivante et il est fort probable qu’une fois dans cette lecture, vous ne puissiez pas vous arrêter avant d’avoir tourné la dernière page, tant « La mémoire des vignes » est un récit captivant... Nul doute qu’après cela, vous ayez envie d’en découvrir plus sur l’histoire de Beaune et de ses alentours pendant cette période.

La mémoire des vignes. Ann Mah. Pocket. 7,95€.

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