mardi 4 septembre 2018

37, étoiles filantes

Prix Coup de Cœur 2018 de Livres en Vignes 




Cette année, Jérôme Attal fait sa rentrée littéraire avec “37, étoiles filantes”, un roman au titre poétique. Le pitch ? Alberto Giacometti, encore inconnu, veut refaire le portrait de Jean6Paul Sartre, pas plus célèbre. Et il n’en démord pas pendant 309 pages. Un peu mince comme sujet ? Alberto vivote à Paris avec son frère Diego. Pas de chance, le jour où il s’apprête à rompre avec Isabel, sa fiancée anglaise, il se fait écraser le pied par une américaine ivre au volant de sa voiture. Une américaine, of course ! Direction la clinique où les infirmières sont (trop) jolies. Isabel, délaissée, cherche un moyen de contrarier son artiste frivole. Et elle trouve les mots ! Elle rapporte au blessé les paroles de leur ami Jean-Paul concernant l’accident : « il lui est ENFIN arrivé quelque chose ».
Vexé, le sculpteur débutant n’a de cesse de mettre son poing dans la face de l’insolent (face qu’il n’a pas très jolie d’ailleurs). Le philosophe bigleux cherche à devenir quelqu’un, depuis la boutique de son opticien jusqu’aux cafés de Montparnasse en passant par un dîner chez François Mauriac. Alberto lui court après dans le Paris insouciant de la fin des années folles et sourd aux grondements annonciateurs de la seconde guerre mondiale. Que le lecteur ne s’y trompe pas. Le règlement de compte entre Giacometti et Sartre est le prétexte amusant et récurrent que Jérôme Attal a choisi pour entraîner son lecteur dans la vie trépidante des “Montparnos”, ces artistes installés dans le quartier de Montparnasse de l’entre-deux guerres. Picasso vole les modèles de ses collègues. On boit un verre au Dôme, à La Coupole ou à la Closerie des Lilas. Une espionne italienne est assassinée. Diego s’aventure sur la rive droite. Une belle exilée attend son départ outre-atlantique.

 On retrouve avec plaisir la plume douce et sensible de Jérôme Attal. Les femmes ont la part belle : "Mais Alberto, je ne veux pas être unique. Je suis comme toutes les femmes, je veux être multiple. Tant que la vie est là, tant que la jeunesse est là, je veux être multiple ». La documentation est soignée. Et on rit, beaucoup. Sartre a des questions existentielles. Il les partage avec son opticien au cours d’un chapitre hilarant : « Ça fait plus de quatre ans que je n’ai pas fait vérifier mes lunettes [...]. J’ai l’impression que tout s’éloigne, et ma jeunesse en premier plan ». Quant à Alberto, il n’a jamais froid aux yeux quand il s’agit de tacler l’ennemi sur son physique atypique : « Il n’y voit rien. Il a un œil qui joue au billard et l’autre qui compte les points. Si je le tue on m’en voudra ». Finalement, Giacometti réussira-t-il à moucher l’impertinent ? Pour le savoir, lisez le roman. Vous ne le regretterez pas !



Mon conseil : Pourquoi ne pas profiter du Salon, qui se tiendra les 22 et 23 septembre prochains au Clos de Vougeot, pour rencontrer l’auteur et repartir avec un exemplaire dédicacé ? Cherchez les lunettes noires. Derrière, il y a Jérôme Attal. Et il ne se déplace jamais sans deux choses essentielles : sa guitare et sa bonne humeur !





“37, étoiles filantes” de Jérôme Attal. Robert Laffont. 309 pages. 20 E. Prix Coup de Cœur Rougeot-Meursault de Livres en Vignes. Prix de la rentrée Les écrivains chez Gonzague Saint Bris



 






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