vendredi 4 août 2017

Les demoiselles de Beaune

Les Hospices de Beaune ont leur roman. Cela manquait, Karine Lebert l’a fait. Biographe pendant quinze ans, l’auteur écrit désormais ses propres histoires. Elle avait visité une première fois les Hospices de Beaune il y a bien longtemps. Lorsqu’elle est revenue, il y a trois ans, elle a cherché dans la boutique un roman ayant pour cadre le somptueux décor de l’Hôtel-Dieu. Ne le trouvant pas, elle décide de l’écrire. Avec la peur chevillée au ventre qu’un autre ait la même idée et ne publie avant elle. Personne ne la devance et, en avril 2017, l’auteur normande voit son roman historique sur Beaune publié. Fiction et réalité s’y mêlent habilement. Le personnage principal, Balbine, est une petite fille de 7 ans lorsque Guigone de Salins et Nicolas Rolin posent la première pierre des Hospices de Beaune en 1443. Passionnée par les plantes elle rêve de devenir Dame Hospitalière. On voit ce personnage grandir en même temps que l’édifice destiné à accueillir les pauvres se construit. L’écriture très documentée de Karine Lebert anime les gens et les objets. Beaune, l’intemporelle ! On l’imagine tout à coup au XVème siècle. Les fossés, les tavernes, la Bouzaize, les fermes alentours… Et l’Hôtel-Dieu, où le couple Rolin/Salins insuffle un esprit de service entouré de beauté. D’autres personnages féminins gravitent autour de Balbine, imaginaires, ou réels, comme Alardine, la mère supérieure, qui imposa longtemps ses règles. Il fut difficile de congédier cette femme dure appliquant des préceptes contraires à l’esprit de Nicolas Rolin qui voulait un lieu moderne empreint de respect et de liberté. Après maintes péripéties dans le décor de l’Hôtel-Dieu, l’histoire s’achève, on ne vous dévoile pas comment, en l’an 1500. L’auteur a fait appel à Bruno François, chargé des collections des Hospices de Beaune, pour retrouver des traces de la vie du bâtiment à l’époque moyenâgeuse. La plupart des textes étaient en vieux français, illisibles, mais il a été possible néanmoins de réunir suffisamment de documentation pour produire un roman historique, qui permet d’accéder à l’histoire avec un grand H de manière ludique. Malgré la présence de nombreux hommes, c’est le regard des femmes qui prédomine dans ce roman. Il nous permet de plonger dans la condition du sexe dit “faible” et de découvrir que, malgré les obstacles, les héroïnes comme Balbine, inventée, mais aussi vraies, comme Guigone de Salins (qui dut intenter un procès après la mort de son époux pour continuer d’administrer les Hospices) ont su faire face à leur destin avec une grande modernité. Karine Lebert ne compte pas s’arrêter là. Elle aimerait dérouler le fil de l’histoire, d’autrefois à nos jours. A bientôt donc, pour de nouvelles aventures beaunoises !

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