Dès l’annonce de sa sortie, et parce que j’aime l’écriture poétique de Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle était sur la liste de mes envies. J’ai repoussé longtemps le moment de le lire. J’attendais une période calme, rien à l’agenda. Certains romans, quand on les ouvre, ont besoin qu’on leur laisse de la place pour étaler leur décor, déployer l’envergure des personnages. Ainsi en est-il de l’Italie de la première moitié du XXe siècle et de Mimo et Viola. Leur histoire suspend le temps. Le plaisir éprouvé à la lecture s’apparente à une sorte d’état de grâce. D’une plume ô combien talentueuse, l’auteur maîtrise les contours de ses héros et sonde admirablement leurs âmes. Les paysages, l’église perchée sur les hauteurs de Pietra d’Alba, les ombres du cimetière, un champ d’orangers accablé de chaleur et même le chapiteau miteux d’un cirque florentin ou le confinement d’une cellule monacale, tout concourt à la beauté. La construction du roman est un vrai travail d’orfèvre. Rien n’est laissé au hasard, un détail devient, deux cents pages plus loin, un élément clé. Comme dans la sculpture qu’il célèbre, Jean-Baptiste Andrea épannelle les situations, burine les drames, lime les sentiments, polit les émotions. D’une idée originale, bloc sans fêlure, il a tiré une œuvre romanesque éblouissante. On ne peut rester de marbre après cette lecture qui à la fois nous enracine et nous fait grandir. Un petit bijou de littérature à offrir, à s’offrir…
Veiller sur elle. Jean-Baptiste Andrea. Editions de l’Iconoclaste. 22,50 €.
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