Cette
ritournelle m'a accompagnée tout le long de la lecture du livre
éponyme d'Akli Tadjer. Je n'ai pas choisi ce roman. C'est son auteur
qui me l'a conseillé, lors du salon Livres en Vignes. Au petit
bonheur ? Quelle chance ! Je me suis plongée dans cette
lecture avec curiosité … Et j'ai envie de vous en dire
beaucoup et plus encore.
La
belle Awa vit près d'Alger au début du XIXème siècle. Elle part
faire fortune en vendant des éventails. Elle reviendra au village de
son enfance les mains vides et enceinte. Myriam quant à elle, change
de cap et met les voiles. Mohammed s'inquiète et voudrait lui faire
entendre raison. Pendant ce temps, Gaston et lui s'apprivoisent.
Rachel, une jolie psychanalyste, entre dans la danse... Comment tout
cela va-t-il se terminer ? Pour le savoir, laissez-vous
envoûter.
Plongez
dans deux univers parallèles, entre le foisonnement d'Azur et Asmar
et la beauté rude de la vie parisienne. Les références à la
littérature française sont nombreuses, comme des clins d’œil à
notre culture si riche. On traverse deux siècles d'histoire avec
légèreté grâce à l'écriture douce, drôle et sensible d'Akli
Tadjer. Avec une infinie tolérance, il montre à quel point tout
n'est pas noir d'un côté et blanc de l'autre. Des méchants il y en
a de tous les bords. Des gentils aussi, dieu merci !
« Lorsque
Charles sut lire et écrire, il interpella son père pour savoir ce
que signifiaient les tatouages sur ses avant-bras. Chems prit l'index
de son fils et lui fit parcourir les arabesques qui sinuaient
jusqu'au coude. Sur l'avant-bras droit, il était calligraphié :
Sous la protection d'Allah. Sur l'autre avant-bras c'était :
vive la France ! ». L'auteur revisite la longue et
complexe histoire entre la France et l'Algérie, sans jamais émettre
de jugement. Il évoque aussi le racisme, les secrets de famille, la
religion, le danger de l'intégrisme...
Tout
tient finalement dans le titre : « Il était une fois...
peut-être pas ». La vie c'est parfois démêler le vrai du
faux, de la petite histoire de notre famille à celle avec un grand H
qu'on apprend à l'école. Au final, que retenir à part la force de
l'amour ?
Il
était une fois... peut-être pas, un écrivain français, né en
France, traduit dans de nombreux pays et dont certaines œuvres ont
fait l'objet d'adaptations cinématographiques. Un professeur de
français, dans un lycée du nord de la France, prépare une
rencontre avec Akli Tadjer. Elle propose à ses élèves la lecture
du roman : « Le porteur de cartable », l'histoire
d'une amitié improbable entre deux enfants de dix ans à la fin de
la guerre d'Algérie. L'un, Raphaël, est réfugié pied-noir,
l'autre, Omar, fils de militants du FLN, n'a jamais mis les pieds de
l'autre côté de la Méditerranée.
Levée
de bouclier de certains élèves qui refusent d'étudier le livre. Le
crime d'Akli Tadjer ? Porter un nom en rapport avec ses racines.
Le professeur envoie un mail, rendu public par l'auteur, pour
expliquer la situation. Les élèves estiment que l'histoire ne
concerne pas la France (tiens donc !). L'un deux a même refusé de
lire à haute voix un extrait pour ne pas prononcer le nom
« Messaoud ». On croit marcher sur la tête !
Sidération.
Comment combattre l'ignorance et le manque de curiosité ? Que
connaissent ces jeunes gens de la littérature et de la France ?
Piètres armes que l'inculture et l'agressivité. Comment débattre,
développer des idées quand on ne voit pas plus loin que... le bout
de son smartphone ? N'y a-t-il pas en France d'autres
perspectives que le repli sur soi, la télé-réalité, la haine de
la différence et l'ouverture des centres commerciaux le dimanche ?
Akli
Tadjer ne s'est pas démonté et ira rencontrer ces élèves. Avec
l'espoir d'éveiller des consciences, de lever les malentendus. De
raconter une histoire que ces jeunes, s'ils ôtent leurs écouteurs,
se donneront peut-être la chance d'entendre. Il était une fois
peut-être pas... Aller au delà des apparences et découvrir !
Si on faisait venir aussi les parents ? Qu'on leur mette dans
les mains un bouquin ? Ils y verraient tout ce que l'on peut
apprendre, voyager, réfléchir et comprendre grâce à des bouts de
papiers. Il était une fois... peut-être pas. En attendant, moi, je
vais me plonger dans « Les Thermes du Paradis », roman
d'Akli Tadjer qui a reçu le Prix Albert-Bichot en 2014. Celui-là,
c'est moi qui l'ai choisi, un jour ensoleillé de septembre, au
milieu des vignes, au terme d'une riche discussion avec l'auteur, un
inconnu quelques minutes auparavant...
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