lundi 7 juillet 2025

L'été nous met à la page

Montgolfière dans le ciel azur de l’aube ou du crépuscule. Douce brise, morsure du soleil ardent sur nos bras nus. Bourdonnements fous d’insectes piégés par les murs de la maison. Explosion des parfums, melon, pêche et épices mêlés sur les étalages chamarrés du marché. Fraîcheur du thé glacé dégusté à l’ombre d’un grand arbre. Et des livres. Sur la serviette de plage, le transat du jardin, dans le vide-poche de la voiture, sur la table basse d’un salon aux volets clos. Pas de doute, c’est l’été ! L’écume des pages nous emmène en voyage.

 

 

A Gabarny (ville imaginaire) et Lille, pour une chasse au trésor avec Chloé, mère et belle-mère débordée par un quotidien pesant. Secrets de famille, répartition des rôles, argent, violences conjugales, amour… dans Une époque en or, Titiou Lecoq crée une fiction imprégnée des sujets de société qu’elle traite dans ses essais. C’est drôle et bien senti. Intelligent. (L’Iconoclaste)

Cap à l’ouest avec Cézembre d’Hélène Gestern. Yann a fui depuis longtemps la Bretagne et la tutelle insupportable de son père. Lors de la succession, il hérite de la maison familiale à Saint-Malo et en explore les archives. Déterminé à comprendre les vieilles rancœurs et mettre à jour sa vérité, il amorce une enquête qu’on suit avec avidité. Captivant. (Folio)

Rejoignons Daphné du Maurier à L’Auberge de la Jamaïque, sur une côte battue par les vents et les mystères. Relire des classiques est toujours instructif. Le rythme de l’action y est plus lent, les descriptions plus fouillées, le style, léché. Ici, Mary, jeune femme orpheline, se confronte à son oncle, propriétaire d’un établissement hôtelier où ne s’arrête plus aucun client. Haletant. (Le Livre de Poche)

 


 

Après les brumes océanes, la lumière de l’Italie du XIXe siècle. Anna suit son mari dans le talon de la botte. Femme instruite et passionnée de littérature, elle bouscule les convenances et devient La porteuse
de lettres
. Dans ce premier roman, Francesca Giannone explore avec sensibilité les blessures de la vie, erreurs d’aiguillage et autres sentiments humains. Émouvant. (Albin Michel) 

Bombes autrichiennes en 1915 sur les cimes italiennes du Frioul. Porteuses d’un autre genre, Agata et ses compagnes gravissent la montagne familière et acheminent munitions et nourriture nécessaires à la survie de leurs soldats. Un tireur d’élite ennemi perturbe les ascensions. Dans Fleur de roche, Ilaria Tuti peint une nature abrupte, une époque rude, des sentiments puissants. Envoûtant. (Le Livre de Poche)

Un camping-car, une jeune prostituée, une vieille mexicaine, des ecclésiastiques outrés, un prêtre et deux tueurs tout droit sortis d’un film de Tarantino, des miracles ou plutôt, des résorptions. Tel est le programme de Stella et l’Amérique. Un road trip pas comme les autres, déjanté et jubilatoire dans lequel nous propulse la plume incandescente de Joseph Incardona. Désopilant. (Pocket)

Sur le continent américain toujours. Dans la famille Padavano les sœurs ont un air de ressemblance avec Les quatre filles du Docteur March. William, étudiant et basketteur prometteur est esseulé. Deux univers s’emmêlent, s’épousent, se déchirent, se reconstruisent. Les bien-aimés est une saga éblouissante. Avec pudeur et délicatesse, Ann Napolitano nous livre le parcours de résilience d’un héros
masculin. Important. (Les Escales) 

Entre la France et le Japon, à cheval sur la Seconde Guerre Mondiale et aujourd’hui, Akira Mizubayashi, après l’admirable Âme brisée, écrit une Suite inoubliable. Une luthière brillante, digne
héritière de sa grand-mère, répare un Goffriller, violoncelle aussi ancien que précieux. Elle découvre à l’intérieur une relique qui la mène sur la trace du passé. Bouleversant. (Folio) 

Qui ne rêve pas d’un grand mas provençal aux murs frais, piscine et grillons, lieu quasi mystique protecteur des réunions familiales ? Les Frangines d’Adèle Bréau retrouvent chaque été leurs parents dans cette propriété idéale. Mais tout a basculé la saison dernière, quand le père a quitté la mère. L’ordre des choses est rompu, l’heure d’ouvrir son cœur et de se dévoiler est arrivée. Touchant. (Le Livre de Poche) 

Les lecteurs soucieux d’équité me pardonneront une sélection où dominent les autrices. Acte totalement involontaire puisque je ne saurais trop conseiller aux tatillons de se tourner vers Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde (glaçant), La vie n’est pas un roman de Susan Cooper de Stéphane Carlier (hilarant) ou encore Syngué Sabour d’Atiq Rahimi (troublant), tous écrits par… des hommes ! Pensez quand même aussi à Stupeur, de Zeruya Shalev ou encore Le grand feu, de Léonor de Récondo. Ah… Une voix s’élève du haut-parleur et annonce mon départ imminent pour le nord de l’Italie avec Le Duc et Matteo Melchiorre. Ciao, et à tous, bon été en lectures ! 


 


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